Un Tourangeau pensait son argent à l’abri sur un Livret A ouvert par ses parents il y a près d’un demi-siècle. Mais sa banque a clôturé le compte en silence, effaçant des décennies d’épargne. L’affaire, aujourd’hui portée devant la justice, interroge sur la gestion des comptes inactifs et la responsabilité des établissements financiers.
En mai 2024, ce quinquagénaire d’Indre-et-Loire consulte son épargne et découvre avec stupeur que les 27 000 euros patiemment accumulés depuis 1975 ont disparu. Selon son avocat, Me Tournier, le Livret A, ouvert par ses parents à la Caisse d’Épargne, avait atteint son plafond fin 2024 et ne générait plus que des intérêts. Mais la banque, estimant le compte inactif, l’avait en réalité clôturé dès 2016, sans avertir son titulaire.
« Ce sont les économies d’une vie », déplore l’épargnant, qui accuse l’établissement d’avoir manqué à son devoir d’information.
La banque invoque la loi sur les comptes inactifs
De son côté, la Caisse d’Épargne explique que cette opération découle des obligations légales imposées aux banques. Depuis la loi Eckert de 2014, les comptes inactifs doivent être transférés à la Caisse des dépôts et consignations après dix ans d’inactivité. Or, selon la banque, le transfert aurait eu lieu en 2016. Problème : aucune trace n’en a été retrouvée, et l’épargnant assure n’avoir jamais été prévenu ni sollicité.
Un contexte défavorable pour les épargnants
Ce litige intervient dans un climat déjà tendu autour du Livret A. Avec 57 millions de comptes et un encours record de 414 milliards d’euros en 2023, ce placement reste le favori des Français. Mais son taux baissera à 1,70 % au 1ᵉʳ août 2025, après une chute de 3 % à 2,4 % en février, réduisant encore l’attractivité de ce produit. En moyenne, les titulaires conservent 7 077 euros sur leur Livret A, un chiffre en hausse mais qui ne protège pas des mauvaises surprises liées aux procédures bancaires.
Une affaire qui soulève des questions
Le client réclame aujourd’hui la restitution de son épargne et des intérêts perdus, arguant qu’aucune notification ne lui avait été envoyée. La banque, elle, insiste sur son respect de la réglementation. Le tribunal judiciaire de Tours examinera l’affaire en mars prochain, une audience qui pourrait clarifier les obligations des établissements financiers et la protection des petits épargnants.