Dans un climat politique toujours sous tension, Marine Le Pen a confirmé ce mardi sur RTL que les députés du Rassemblement national voteront pour la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028.

Une position qu’elle qualifie de “cohérente”, mais qui ne signifie pas pour autant un soutien global au projet de budget de la Sécurité sociale. Interrogée sur la position de son groupe, Marine Le Pen a assuré qu’elle voterait “bien sûr, de manière tout à fait cohérente” pour la suspension du relèvement de l’âge de départ à la retraite, actuellement fixé à 64 ans par la réforme Borne. Tous les députés RN feront de même, a-t-elle précisé. Mais la cheffe de file de l’extrême droite a tenu à nuancer : “Cela ne veut pas dire que nous voterons l’ensemble du projet.”

Elle a rappelé que plusieurs mesures du texte “posent de gros problèmes” à son camp, notamment la hausse de la CSG sur certains revenus d’épargne et de placement. “On verra ce qu’il en ressortira définitivement”, a-t-elle ajouté, renvoyant la décision finale à la suite des débats parlementaires.
Une suspension exigée par les socialistes

À l’Assemblée nationale, les députés devaient entamer dès 15 heures l’examen prioritaire de l’article suspendant la réforme des retraites jusqu’en janvier 2028. Cette mesure, arrachée par les socialistes, conditionne leur soutien au gouvernement de Sébastien Lecornu. Sans elle, le risque d’une motion de censure aurait été considérable.
Concrètement, la génération née en 1964 pourrait partir à 62 ans et 9 mois, comme celle de 1963, avec 170 trimestres de cotisation au lieu de 171. Si aucune nouvelle réforme n’intervenait d’ici à la présidentielle de 2027, le calendrier de la réforme Borne reprendrait ensuite son cours, avec un décalage d’un trimestre. Cette pause sociale, présentée comme temporaire, cristallise déjà les tensions entre gouvernement, gauche et extrême droite.

Même en votant cette suspension, Marine Le Pen ne relâche pas la pression sur l’exécutif. Elle continue de réclamer une “censure du gouvernement Lecornu” dans l’espoir de provoquer des élections législatives anticipées. “Le Parti socialiste s’est fait acheter par le gouvernement, pas cher d’ailleurs”, a-t-elle lancé, accusant la gauche de trahir ses engagements.
Cependant, la patronne du RN a admis qu’une motion de censure immédiate serait “un effort inutile”, faute de majorité suffisante pour la faire adopter. La stratégie du Rassemblement national consiste donc à se positionner comme seule alternative crédible à un gouvernement “affaibli et dépendant de compromis politiciens”, selon les mots de Marine Le Pen.










