Les boissons et compléments alimentaires à base de champignons « adaptogènes » séduisent un public en quête d’alternatives naturelles au café.
Derrière les promesses de tonus et de concentration accrues, la réalité scientifique reste nuancée. Entre tradition médicinale et marketing agressif, ces produits suscitent espoir et prudence. Cordyceps, reishi, chaga ou encore hydne hérisson s’invitent désormais dans les mugs et gélules des Européens. Utilisés depuis des siècles dans les médecines traditionnelles d’Asie ou d’Amérique du Sud, ces champignons sont aujourd’hui présentés comme des « adaptogènes », censés aider l’organisme à s’adapter au stress et aux déséquilibres. Leur popularité croissante s’explique aussi par un packaging attractif et une communication massive sur les réseaux sociaux.
Un marché en plein essor, porté par des entrepreneurs convaincus
Le secteur de la mycothérapie pèse déjà plusieurs milliards et pourrait atteindre 61 milliards d’euros d’ici 2030, selon Grand View Research. Des acteurs comme Floyd Sarria, biologiste reconverti en commerçant, mettent en avant les polyphénols contenus dans certaines espèces, connus pour leurs effets antioxydants et anti-inflammatoires. D’autres, comme Samuel Tessier du « Café des guerriers », vont plus loin, vantant des bienfaits « reconnus » sur l’immunité, la concentration et le tonus. Ces affirmations séduisent une clientèle curieuse mais manquent encore de validation scientifique solide.
Des études prometteuses mais insuffisantes
Si des recherches existent, elles restent majoritairement limitées à des tests en laboratoire ou sur des animaux. En 2023, Nature a rapporté qu’une molécule du shiitaké pouvait supprimer le diabète de type 1 chez la souris. Mais, comme le souligne Florence Chapeland-Leclerc, enseignante-chercheuse à l’Université Paris Cité, les essais cliniques sur l’humain manquent cruellement, ce qui ne permet pas d’affirmer une efficacité thérapeutique réelle.
Prudence face aux compléments alimentaires
Les spécialistes mettent en garde contre des achats en ligne ou une consommation sans suivi médical. Pris avec certains médicaments, ces compléments peuvent provoquer des interactions dangereuses. L’engouement pour ces boissons ne doit donc pas masquer les précautions nécessaires. En l’absence de preuves robustes, ces champignons ne peuvent être considérés comme des remèdes miracles, même si leur potentiel mérite d’être exploré davantage.
Entre tendance et recherche scientifique
Pour l’instant, les boissons aux champignons restent surtout une alternative originale au café. Si leur popularité témoigne d’un intérêt grandissant pour des solutions naturelles, seules des études cliniques rigoureuses permettront de confirmer ou d’infirmer leurs bienfaits. En attendant, la prudence reste de mise, et un avis médical est recommandé avant de les intégrer à son quotidien.