Dans un billet de blog virulent, Jean-Luc Mélenchon a déclenché une polémique qui dépasse le simple échange entre un homme politique et un média.
Sa réponse au Point, où il attaque frontalement les journalistes auteurs d’une enquête sur ses liens présumés avec des dignitaires chinois, a ravivé les accusations d’antiaméricanisme, de proximité idéologique avec Pékin et de déni du massacre du 7 octobre. Les reporters du Point, Jérémy André et Hadrien Brachet, l’avaient interrogé sur ses relations avec des responsables chinois.
Plutôt que de clarifier ses positions, Jean-Luc Mélenchon a choisi l’offensive, allant jusqu’à présenter Jérémy André comme « l’auteur d’un ouvrage complotiste sur le Covid », insinuant que le journaliste défendrait la propagande américaine. Il a aussi ironisé sur le terme de « pogrom » utilisé dans un livre consacré au 7 octobre, laissant entendre qu’il rejetait la qualification du massacre antisémite perpétré par le Hamas. Pour de nombreux observateurs, ces propos confirment ses vieux démons : fascination pour le régime chinois, antiaméricanisme viscéral et refus de nommer certaines violences.
Des relations assumées avec Pékin
Dans ce même billet, le leader de La France insoumise a loué Mme Chen Zhili, rencontrée en 2001, la qualifiant de « brillante ingénieure » et de « dirigeante politique de haut niveau ». Les journalistes rappellent pourtant qu’elle était directrice de la propagande à Shanghai dans les années 1990, connue pour avoir muselé la presse chinoise. Mélenchon reconnaît également ses échanges avec l’ancien ambassadeur Lu Shaye, un diplomate controversé connu pour ses propos complotistes sur la pandémie. Ces références alimentent l’idée qu’il entretient des sympathies avec des responsables chinois aux méthodes autoritaires.
Sophia Chikirou prend le relais
La polémique s’est amplifiée lorsque Sophia Chikirou, députée LFI et proche de Mélenchon, a attaqué à son tour Le Point sur X, publiant même la photo d’un journaliste. Interrogée sur sa position vis-à-vis de Pékin, elle a répondu :
« Confondre la dictature du prolétariat avec la dictature d’un homme, c’est mal connaître l’Histoire… Dire que la Chine n’est pas une dictature ne veut pas dire qu’elle est une démocratie au sens libéral du terme. »
Une défense qui, selon ses détracteurs, minimise les atteintes aux libertés et banalise les pratiques répressives de Pékin, comme l’emprisonnement de journalistes ou la répression des Ouïghours.
Une stratégie risquée pour LFI
En voulant clouer le bec au magazine, Jean-Luc Mélenchon a offert à ses opposants un argumentaire tout fait : celui d’une gauche radicale inflexible, pro-Pékin et déconnectée des préoccupations démocratiques. Dans un contexte où La France insoumise tente de rassembler une gauche déjà fracturée, ce nouvel épisode pourrait accentuer son isolement. Pour beaucoup d’analystes, cette sortie relève d’un autosabotage politique, confirmant une ligne dure qui séduit ses fidèles mais éloigne une partie de l’opinion.
Un débat sur la liberté de la presse et les alliances politiques
Au-delà du clash médiatique, cette affaire relance le débat sur la relation entre la gauche radicale française et les régimes autoritaires étrangers, ainsi que sur la liberté de la presse. En désignant nommément un journaliste et en ironisant sur des termes sensibles, Mélenchon et son entourage prennent un risque : faire passer la critique légitime des médias pour une attaque contre le travail journalistique, renforçant ainsi les accusations de populisme antimédia.