L’investiture de Michel Barnier par Les Républicains pour la législative partielle à Paris vient raviver les tensions internes du parti. Face à une Rachida Dati déterminée à se présenter malgré tout, la droite parisienne s’engage sur une voie délicate, entre ambitions personnelles et nécessité d’unité à l’approche des municipales de 2026.
C’est désormais officiel : Michel Barnier sera le candidat des Républicains pour la législative partielle de la 2e circonscription de Paris, prévue en septembre prochain. L’information, confirmée par plusieurs participants à la Commission nationale d’investiture (CNI), marque la volonté du parti de miser sur une figure d’expérience pour ce scrutin stratégique. Ancien ministre, ancien négociateur du Brexit, et figure modérée du mouvement, Barnier incarne un choix de stabilité et d’autorité face aux turbulences internes.
Rachida Dati, la dissidente déterminée
Mais l’investiture ne règle pas tout, et surtout pas l’opposition frontale de Rachida Dati. L’actuelle ministre de la Culture, également membre des Républicains, a réaffirmé son intention de se présenter quoi qu’il arrive, dans un entretien accordé au Parisien. Elle entend défendre « sa » circonscription, qu’elle connaît de l’intérieur, et qu’elle revendique avoir façonnée au fil des années.
Ce positionnement dissident, largement soutenu par des personnalités de droite, est incarné notamment par Naïma Moutchou, députée Horizons et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Sur le réseau social X, cette dernière a affiché un soutien sans ambiguïté : « Je connais Rachida Dati. Son parcours force l’estime, son engagement ne s’est jamais démenti […] Dans cette législative partielle, je la soutiens personnellement. »
La droite divisée à Paris
Face à cette fracture, Valérie Pécresse a tenté d’endosser le rôle de médiatrice, en appelant publiquement Rachida Dati à renoncer à sa candidature. « La droite, pour gagner, a besoin d’union, pas de division », a-t-elle plaidé. L’ex-candidate à la présidentielle propose un partage clair des rôles : Barnier à l’Assemblée, Dati à l’Hôtel de Ville lors des municipales de 2026. « Nous avons encore quelques semaines pour trouver un accord qui évite un combat stérile et fratricide », a-t-elle insisté.
Une main tendue… mais fragile
La CNI a chargé la sénatrice Agnès Evren, proche de Dati, de conduire les discussions avec la ministre afin d’aboutir à un compromis. L’objectif affiché est clair : éviter un duel fratricide qui affaiblirait les Républicains à Paris, tout en capitalisant sur la notoriété locale de Dati pour préparer l’alternance municipale.
Dans son communiqué, la CNI reconnaît d’ailleurs le potentiel politique de la ministre de la Culture, affirmant qu’elle est « la mieux placée pour incarner l’alternance à Paris » et qu’elle pourrait rassembler les électorats conservateurs et centristes autour d’un projet commun.
Une législative partielle aux origines litigieuses
Cette élection partielle fait suite à l’invalidation du député sortant Jean Laussucq, élu sous l’étiquette Ensemble pour la République. Le Conseil constitutionnel lui reproche d’avoir réglé une partie importante de ses dépenses de campagne au moyen de son compte personnel, et d’avoir accepté qu’un tiers règle une fraction significative de ses frais électoraux, en violation du code électoral.
Des investitures en série en vue de 2026
La réunion de la CNI ne s’est pas limitée à la capitale. Bernard Pecou a été investi pour la 1ère circonscription du Tarn-et-Garonne, et Christophe Sougey de Funèse représentera le parti pour les Français de l’étranger dans la 5e circonscription. En parallèle, une quarantaine de têtes de liste ont été désignées en préparation des municipales de 2026, confirmant que le parti cherche déjà à structurer son offensive à long terme.
Une droite à reconstruire… dans l’urgence
En refusant de se ranger derrière l’investiture officielle, Rachida Dati met son parti face à ses propres contradictions : entre volonté de rassembler et difficulté à fédérer, Les Républicains peinent encore à parler d’une seule voix. L’enjeu parisien, hautement symbolique, pourrait bien être le révélateur d’une fracture plus large, que les municipales à venir ne feront qu’exacerber si aucun compromis n’est trouvé.