La complicité légendaire entre Léa Salamé et Nicolas Demorand a marqué toute une génération d’auditeurs de France Inter.
Mais avec le départ de la journaliste pour le 20h de France 2, une page se tourne, suscitant autant d’émotion que de sarcasmes dans les couloirs de la radio publique. Pendant huit ans, Léa Salamé et Nicolas Demorand ont formé un duo fusionnel, soudé autant par la rigueur journalistique que par une amitié sincère, comme l’a récemment souligné la journaliste dans La Tribune du dimanche. Très marquée par leur relation, elle n’a pas caché sa difficulté à tourner la page : « C’est la plus belle expérience professionnelle de ma vie, et Nicolas, ma plus jolie rencontre », a-t-elle confié.
Lorsqu’il a révélé sa bipolarité dans son livre Intérieur nuit, c’est vers elle qu’il s’est tourné en premier. Elle était la seule dans son entourage professionnel à être au courant. Cette confiance mutuelle donne la mesure de la relation qui unissait les deux journalistes. Quitter cette entente, cette routine bien huilée de la matinale, a été pour elle un dilemme personnel autant que professionnel.
L’hésitation d’un choix de cœur
Si elle a fini par accepter l’offre prestigieuse de France 2, Léa Salamé n’a pas fait ce choix sans doutes ni insomnies. « Quitter la matinale, c’est vertigineux », a-t-elle reconnu, en évoquant des nuits de panique et des réveils en sursaut. Mais le besoin de se renouveler, de sortir d’un cycle, l’a emporté, même au prix d’un déchirement.
L’avenir incertain de Nicolas Demorand
De son côté, le futur de Nicolas Demorand sur France Inter reste flou. S’il est certain qu’il restera au sein de la station selon certaines sources, la question de son maintien à la matinale n’est pas tranchée. Lui-même avait suggéré par le passé qu’il ne poursuivrait pas cette aventure sans sa partenaire.
Une réunion décisive avec la direction était prévue fin juin, mais rien n’a encore été officialisé, laissant planer le doute sur la continuité de la matinale la plus écoutée de France, dans un contexte où la grille des programmes est en pleine reconfiguration.
Des adieux salués… ou moqués
Alors que les auditeurs et collègues proches pleurent ce duo historique, d’autres, anciens de France Inter, ont accueilli l’annonce avec une ironie mordante. Sur Radio Nova, dans leur émission dominicale La Dernière, Guillaume Meurice, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Pierre-Emmanuel Barré n’ont pas mâché leurs mots.
Les piques ont fusé, mêlant satire politique et moquerie du style d’interview propre à Salamé, perçu par certains comme artificiel ou consensuel. « Si vous étiez un fruit à coque… », a ironisé Meurice, caricaturant son ton. Barré, quant à lui, n’a pas épargné son compagnon Raphaël Glucksmann, insinuant que leur présence croisée dans l’espace médiatique et politique constituait une forme de verrouillage du débat. « Le pire ‘tu préfères’ au monde », a-t-il lancé avec acidité.
Une transition sous haute tension
Ces critiques, bien que féroces, témoignent surtout de la place centrale qu’occupe Léa Salamé dans le paysage audiovisuel. Aimée par certains pour son professionnalisme et son audace, moquée par d’autres pour son style d’interview parfois jugé trop formaté, elle ne laisse personne indifférent.
Et si son départ provoque autant de remous, c’est parce qu’il symbolise un changement d’ère à France Inter, mais aussi un passage vers une nouvelle exposition médiatique, où elle devra convaincre dans un tout autre registre : le 20h, ce rendez-vous sacré de l’information télévisée.
Reste à savoir si l’alchimie de la matinale survivra à cette rupture, et si Nicolas Demorand acceptera de tenir seul la barre. Une chose est sûre : le duo Salamé-Demorand a durablement marqué les esprits, et son éclatement ne se fait pas sans fracas.