Alors que plusieurs partis de gauche ont décidé de rejoindre l’appel à la mobilisation du 10 septembre, le Rassemblement national choisit une tout autre posture.
Le parti dirigé par Marine Le Pen se refuse à donner une quelconque consigne à ses électeurs, privilégiant une stratégie institutionnelle à la rue, tout en dénonçant les risques de débordements. À l’heure où La France insoumise, les écologistes, les communistes et les socialistes affichent leur soutien au mouvement « Bloquons tout », le Rassemblement national campe sur une position claire : pas question de s’ériger en organisateur de manifestations. Edwige Diaz, députée de Gironde et vice-présidente du parti, a justifié cette décision en déclarant : « Notre rôle est d’apporter des réponses aux problèmes des gens, pas de crier dans un haut-parleur ».
Mélenchon accusé de récupérer la mobilisation
Pour Edwige Diaz, le soutien apporté par Jean-Luc Mélenchon et les autres formations de gauche à cette journée d’action constitue un cadeau inespéré au chef de l’État. « Récupérer cette manifestation, c’est le meilleur moyen de l’affaiblir et de décourager des participants », juge-t-elle. La responsable frontiste estime que l’influence du leader insoumis risque d’étouffer la spontanéité du mouvement et de servir indirectement Emmanuel Macron.
Liberté laissée aux adhérents
Si le RN n’appelle pas à défiler, il n’empêche pas ses sympathisants de le faire à titre personnel. « Nos électeurs sont libres de leurs choix », rappelle Edwige Diaz. Mais derrière cette liberté, la dirigeante fait part de son inquiétude face à d’éventuels débordements. Elle doute en effet de la capacité du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, à empêcher l’action des Black Blocs. Casse de vitrines, dégradations de mobilier urbain : les risques de violence restent dans toutes les têtes.
Un discours centré sur « la France qui travaille »
Le RN tente de se distinguer par un positionnement « responsable ». Selon Edwige Diaz, ce sont « la France qui travaille, qui souffre et qui a des revendications légitimes » qui risquent d’être pénalisées par les débordements. Elle affirme qu’avec son parti au pouvoir, il n’y aurait « pas eu de mouvement +Bloquons tout+ ». Le message est clair : éviter la rue pour privilégier des réponses politiques et concrètes.
Thomas Ménagé appelle à éviter la « bordélisation »
Sur Europe 1, le député RN Thomas Ménagé a appuyé cette ligne, rappelant que les élus du mouvement ont été mandatés pour défendre « les classes populaires, les classes moyennes, les retraités », plutôt que pour « prendre position sur des mouvements sociaux ». Il appelle à éviter de « bordéliser le pays », insistant sur l’importance de maintenir l’ordre et la stabilité. Le RN cherche ainsi à incarner une opposition ferme mais ordonnée, loin des tumultes de la rue.