Symbole de la gastronomie populaire française, L’Entrecôte traverse une zone de turbulences.

L’emblématique restaurant lyonnais a été condamné pour « pratiques commerciales trompeuses » après avoir abusivement utilisé la mention « fait maison ». Une affaire qui interroge sur la transparence des établissements pourtant auréolés de labels prestigieux.
En août 2022, les inspecteurs de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) ont mené un contrôle au sein du célèbre restaurant. Leurs conclusions ont de quoi surprendre : plusieurs plats présentés comme “faits maison” provenaient en réalité de produits industriels ou surgelés. Crème anglaise prête à l’emploi, chantilly issue d’une base sucrée, fruits au sirop, pain surgelé, glaces commerciales… Les factures et fiches recettes examinées ont confirmé les soupçons.
Une révélation d’autant plus dérangeante que L’Entrecôte affiche fièrement depuis 2017 le titre de “Maître Restaurateur”, un label censé garantir une cuisine élaborée à partir de produits bruts. Ce statut, censé inspirer confiance, se retrouve aujourd’hui éclaboussé par le scandale.
Une direction abasourdie par les accusations

À la barre, Corinne Gineste de Saurs, directrice de l’établissement, a tenté de défendre la réputation de la maison : « Nous utilisons ces produits depuis toujours, sans qu’aucun contrôle ne nous ait jamais rien reproché », a-t-elle déclaré. Pour elle, le procès relève davantage d’un excès de zèle administratif que d’une véritable faute culinaire.
Elle déplore également l’incohérence des inspections : « Selon la ville ou la personne qui contrôle, les règles changent. » Sur le fond, la responsable assume certains choix : la crème chantilly “faite maison” ne serait pas en bombe, et la salade “cueillie chaque matin” ferait référence à l’approvisionnement local, non à une cueillette littérale. Des justifications jugées fragiles par le tribunal, mais qui traduisent la volonté de défendre une tradition plus qu’un mensonge.
Une image ternie malgré les ajustements

Depuis le contrôle, la direction affirme avoir entrepris des corrections substantielles : refonte de la carte, précisions dans les intitulés, et retrait des mentions litigieuses. Pourtant, le parquet a estimé que l’établissement jouait “sur l’ambiguïté”, pointant la récurrence des faits et la variété des produits concernés. Pour le procureur, cette présentation trompeuse altérait le libre choix du consommateur, trompé par un label de confiance.
La présidente du tribunal a rappelé que pour un restaurant aussi reconnu, la crédibilité de l’appellation “fait maison” représente un enjeu majeur : elle influence directement la décision du client et la réputation du groupe dans son ensemble.
Une condamnation symbolique mais lourde de sens
Malgré la défense énergique de son avocate, qui a rappelé que l’essence du restaurant restait son plat unique, une entrecôte dans une sauce secrète inimitable, le verdict est tombé. L’Entrecôte a été condamné à 5 000 euros d’amende ferme et 10 000 euros avec sursis. Une sanction mesurée, mais qui marque un tournant pour une enseigne jusque-là perçue comme irréprochable.










