Une décision gouvernementale sur les médicaments génériques a déclenché un bras de fer politique et professionnel. Depuis le 1er septembre, les remises accordées par les laboratoires aux pharmaciens sont plafonnées à 30 % au lieu de 40 %. Une mesure contestée qui suscite la colère des officines et mobilise Bruno Retailleau.
Publié le 4 août au Journal officiel, le texte prévoit une baisse progressive du plafond des remises jusqu’à 20 % en 2027. L’objectif affiché : réduire les dépenses publiques de santé. Mais pour de nombreux pharmaciens, cette décision menace directement leur rentabilité, notamment dans les zones rurales où la patientèle est vieillissante et les coûts fixes importants. Beaucoup redoutent une vague de fermetures qui fragiliserait encore l’accès aux soins.
Bruno Retailleau monte au créneau
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, pressenti pour rester dans le futur gouvernement Lecornu, a dénoncé vendredi une mesure “inacceptable” : « Elle fragilise l’équilibre économique des pharmacies, en particulier dans les déserts médicaux », a-t-il déclaré. Retailleau appelle le prochain exécutif à retirer le décret, affichant ainsi son soutien aux pharmaciens et renforçant son image de défenseur des territoires.
Une colère qui gronde dans la profession
La grogne n’est pas nouvelle : le 16 août, neuf pharmacies sur dix avaient fermé en France dans une mobilisation d’ampleur. Sous le slogan « Fermer un jour pour ne pas fermer pour toujours », les professionnels voulaient alerter sur la réduction des marges liées aux génériques. Ces remises leur permettent de maintenir un équilibre financier tout en assurant un service de proximité.
Un risque pour la santé publique
Les génériques jouent un rôle crucial dans la maîtrise des dépenses de santé et l’accessibilité des traitements. Mais si trop d’officines venaient à fermer, les habitants des zones rurales pourraient se retrouver sans accès rapide aux médicaments ni conseils de professionnels. Les syndicats de pharmaciens dénoncent une contradiction : le discours politique vante la préservation des services de proximité, mais les mesures économiques adoptées risquent de les fragiliser.
Un dossier explosif pour le prochain gouvernement
Alors que Sébastien Lecornu forme son équipe, la pression monte entre pharmaciens, opposition et autorités sanitaires. Faut-il préserver les marges des officines au risque de freiner les économies de la Sécurité sociale, ou maintenir le cap au risque d’aggraver les déserts médicaux ? L’avenir des remises sur les génériques reste suspendu aux arbitrages du futur gouvernement, dans un contexte politique déjà sous haute tension.