Le Dr Jean-Michel Cohen, figure populaire de la nutrition en France, se retrouve au cœur d’une controverse judiciaire aux lourdes conséquences professionnelles.
Sanctionné pour avoir franchi la ligne entre information médicale et promotion commerciale, son cas relance un débat crucial sur l’éthique des médecins à l’ère du numérique. Le Conseil d’État a tranché : le Dr Jean-Michel Cohen est interdit d’exercer la médecine pendant un an, confirmant une décision de l’Ordre des médecins remontant à novembre 2015. En cause, sa collaboration avec le site commercial “Savoir Maigrir”, sur lequel il était mis en avant comme “votre expert en nutrition”, photo et titres professionnels à l’appui. Cette mise en scène a été jugée publicitaire, en violation directe du code de la santé publique, qui interdit toute promotion commerciale de la part d’un médecin.
Le cœur du litige repose sur un principe fondamental : la médecine ne doit pas devenir un commerce. Si un médecin peut participer à des campagnes de sensibilisation ou d’éducation à la santé, il doit le faire sans chercher à en tirer un avantage économique personnel, rappelle le Conseil de l’Ordre. Dans le cas de Jean-Michel Cohen, l’utilisation de son image sur un site à abonnement payant a été perçue comme une incitation à la souscription, ce qui enfreint les règles déontologiques strictes imposées aux praticiens.
Un recours rejeté, un verdict acté
Face à cette sanction initiale – deux ans d’interdiction dont un avec sursis –, le médecin-nutritionniste avait déposé un pourvoi en cassation. Mais le Conseil d’État a validé la décision de la chambre disciplinaire : aucune erreur de droit ni distorsion des faits n’a été constatée. Résultat : Jean-Michel Cohen ne pourra plus exercer son activité médicale pendant douze mois, une peine qui porte atteinte à sa légitimité, tant sur le plan juridique que médiatique.
Très médiatisé, Jean-Michel Cohen s’était imposé comme une référence dans le domaine des régimes alimentaires, avec de nombreux ouvrages à succès, des apparitions dans les médias et une forte présence sur Internet. Cette interdiction ternit son image et suscite des réactions partagées. Si certains internautes et confrères jugent la sanction sévère, d’autres estiment qu’elle est nécessaire pour préserver la rigueur et la neutralité exigées de la part du corps médical.
Une amende symbolique mais significative
En complément de la sanction professionnelle, le nutritionniste devra verser 2 000 euros au Conseil national de l’Ordre des médecins, afin de couvrir les frais de justice. Une somme relativement modeste, mais symbolique d’un rappel à l’ordre clair : l’éthique médicale prime, même dans un univers de plus en plus tourné vers le marketing digital.
Cette affaire pose une question de fond : jusqu’où un médecin peut-il aller dans sa communication publique ? À l’heure où la santé s’invite sur les réseaux sociaux, les blogs et les plateformes d’abonnement, les médecins-médiatiques doivent évoluer dans un cadre légal strict, sous peine de sanctions. Le cas Cohen pourrait bien faire jurisprudence pour tous les praticiens mêlant expertise médicale et présence commerciale en ligne.
Dans un monde où les patients s’informent sur Internet et sollicitent directement les avis de professionnels médiatisés, la question de la transparence, de la neutralité et de l’indépendance médicale est plus que jamais d’actualité. Si la vulgarisation scientifique est utile, elle ne doit jamais glisser vers la promotion personnelle ou le démarchage déguisé.