Ce lundi 2 juin, France 3 rend hommage à l’un des visages les plus aimés du cinéma français.
En diffusant Le Mur de l’Atlantique, la chaîne met à l’honneur le tout dernier film de Bourvil, dans un contexte hautement symbolique : celui des 81 ans du Débarquement de Normandie.
Dans Le Mur de l’Atlantique, Bourvil campe Léon Duchemin, restaurateur normand malgré lui embarqué dans les rouages de la Résistance à l’aube du Débarquement. Le film, réalisé par Marcel Camus, s’inspire librement du parcours de René Duchez, figure méconnue de la Résistance, pour offrir une comédie teintée de gravité, à mi-chemin entre hommage historique et satire de l’occupant.
La diffusion tombe à point nommé, en pleine semaine de commémorations, ravivant la mémoire d’un tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale. Le ton léger du film contraste volontairement avec la gravité du contexte, offrant une approche accessible sans trahir la réalité des faits.
Le dernier rôle bouleversant d’un monument du cinéma
Le Mur de l’Atlantique est le chant du cygne de Bourvil, icône du cinéma hexagonal. Lorsqu’il tourne ce film en 1970, l’acteur est déjà très affaibli par un cancer de la moelle osseuse, maladie qu’il dissimule au grand public. Malgré la douleur, il poursuit le tournage avec une dignité bouleversante, livrant une performance pleine de justesse et d’humanité.
Lors d’une interview enregistrée en plein tournage, Bourvil se montre philosophe : « Je fais un métier qui me plaît (…). Si avec ça, je n’étais pas heureux, alors je serais à gifler. » Ces mots résonnent aujourd’hui avec une émotion particulière, témoignage d’un homme qui, jusqu’au bout, a su transmettre sa générosité au public.
Il s’éteindra le 23 septembre 1970, quelques mois seulement après la sortie du film, laissant derrière lui une filmographie marquée par la tendresse et la finesse.
Un titre chargé de sens : le vrai « Mur de l’Atlantique »
Le film tire son nom d’un élément central de l’histoire militaire : le Mur de l’Atlantique, ensemble de fortifications côtières édifiées entre 1942 et 1944 par l’Allemagne nazie. Destiné à contrer un éventuel débarquement allié, ce mur s’étendait sur près de 6 000 kilomètres, de la frontière franco-espagnole jusqu’à la Norvège.
450 000 hommes furent mobilisés pour sa construction, dont 300 000 en France, majoritairement par le biais du Service du travail obligatoire (STO). Si la Normandie en conserve aujourd’hui les vestiges les plus visibles, nombre de ces bunkers, murs et postes d’observation subsistent sur l’ensemble du littoral, parfois transformés, parfois abandonnés.
Certaines structures ont été rénovées, d’autres intégrées à l’environnement urbain, devenant des lieux de promenade ou même des habitations. À Arromanches ou Courseulles-sur-Mer, le béton nazi est aujourd’hui traversé par les pas des familles, devenu mémoire intégrée dans le quotidien.