À Gandrange, en Moselle, la rentrée a un goût amer : les habitants ont découvert une hausse vertigineuse de leur taxe foncière, portée à un niveau inédit en France. Entre colère et incompréhension, les administrés dénoncent une gestion municipale hasardeuse qui les contraint aujourd’hui à régler l’addition.
Début septembre, les 3.000 habitants de Gandrange ont reçu leur avis de taxe foncière. La note a doublé, voire triplé pour certains contribuables, après une augmentation record de 136 %. Un véritable choc, présenté comme le plus fort bond constaté au niveau national. Laurent Brener, infirmier libéral de la commune, explique ainsi que ses parents sont passés de 856 euros à 1.700 euros en un an.
Une population incrédule et en colère
Pour les habitants, cette flambée est incompréhensible. Aucun projet d’envergure n’a été lancé dans la ville, pas d’hôpital, pas d’infrastructure nouvelle qui viendrait justifier une telle ponction. « Les gens ne comprennent pas », résume Laurent Brener sur RMC, rappelant que cette hausse découle uniquement de la situation financière désastreuse de la mairie.
Une commune plombée par la dette
À l’origine, une dette municipale estimée à deux millions d’euros. Selon plusieurs témoignages, le maire aurait contracté un premier prêt auprès du Crédit mutuel avant d’en souscrire un second sans rembourser le premier, alimentant un engrenage judiciaire et financier. La préfecture a exigé que la commune règle ses arriérés, imposant cette hausse brutale de la fiscalité locale.
Un maire critiqué pour sa gestion
Henri Octave, maire de Gandrange depuis trois mandats, se retrouve aujourd’hui sous le feu des critiques. Accusé d’opacité et de mauvaise gestion, il reste discret face aux habitants, refusant des demandes d’entretien. Pour beaucoup, l’argent emprunté aurait été absorbé par les dépenses courantes de la municipalité, sans qu’aucun investissement durable n’ait vu le jour.
Les justifications de l’édile
Face aux caméras de France 3, le maire a reconnu une part de responsabilité. Il assure ne pas avoir mesuré l’impact des intérêts de retard imposés par les banques, et dit avoir sollicité un étalement sur deux ans, refusé par la préfecture. « Je n’imaginais pas qu’on allait nous imposer un taux pareil », a-t-il concédé, tout en soulignant l’absence de marge de manœuvre.
Une fracture grandissante entre élus et administrés
Pour les Gandrangeois, cette affaire symbolise un malaise démocratique. Alors que tout particulier serait sanctionné pour une telle dérive financière, les habitants estiment payer les erreurs d’un maire sans contrepartie, alimentant un sentiment d’injustice. La colère gronde et la confiance entre citoyens et municipalité s’érode, laissant planer un climat de défiance durable dans cette petite ville de Moselle.