Symbole d’un pouvoir spirituel unique, l’anneau du pêcheur n’est pas qu’un simple bijou pontifical.
Il incarne la fin d’un règne, la continuité d’une tradition, et le respect d’un rituel séculaire destiné à empêcher toute usurpation. Celui de François ne fait pas exception.
Un rituel précis pour marquer la fin d’un pontificat
Durant ses douze années à la tête de l’Église catholique, le pape François portait à chaque cérémonie solennelle l’anneau du pêcheur, une chevalière emblématique de l’autorité du Saint-Siège. À la mort d’un souverain pontife, la coutume exige que cette bague soit détruite ou rendue inutilisable. Une tradition ancienne, qui vise autant à clôturer symboliquement son pontificat qu’à prévenir toute tentative de falsification ou d’usurpation de son sceau personnel.
Héritage d’un sceau devenu inutile
Avant le milieu du XIXe siècle, cet anneau ne servait pas uniquement d’insigne. Il faisait aussi office de sceau pour authentifier les brefs pontificaux, ces lettres officielles du Vatican. C’est précisément pour éviter qu’un document ne soit frauduleusement scellé avec la chevalière d’un pape décédé qu’elle était autrefois détruite à coups de marteau. Aujourd’hui, la menace de falsification s’est atténuée, mais le geste reste fort : une croix est profondément entaillée dans le métal, rendant l’anneau inapte à tout usage officiel.
La cérémonie de destruction, moment clé du processus
Ce rituel est mené par le camerlingue, actuellement le cardinal Kevin Farrell, chargé de l’intérim entre deux pontificats. Après l’annonce officielle du décès du pape, il reçoit l’anneau du pêcheur et procède à sa destruction en présence du Collège des cardinaux. Ce geste, lourd de symboles, se déroule toujours avant l’ouverture du conclave, marquant la vacance du Saint-Siège et l’imminence d’un nouveau chapitre pour l’Église.
Un choix de sobriété inédit de la part de François
Fidèle à son image de pape modeste, Jorge Mario Bergoglio avait opté pour un anneau en argent plaqué or, bien loin des luxueux modèles en or massif portés par ses prédécesseurs. Le bijou pontifical n’avait d’ailleurs pas été conçu sur mesure, mais façonné à partir d’une bague appartenant à l’archevêque Pasquale Macchi, ancien secrétaire de Paul VI. Ce choix volontaire, qualifié de « recyclage » par certains observateurs, reflétait la volonté du pape argentin de rompre avec le faste.
Une bague à deux visages
François n’arborait cette chevalière qu’en de rares occasions. Dans la vie quotidienne, il lui préférait une bague plus discrète, en argent massif, vestige de son époque de cardinal. Un détail révélateur de son rapport humble au pouvoir, qu’il voyait avant tout comme un service, et non comme un trône.
L’anneau du pêcheur de François représentait Saint Pierre tenant les clés du royaume des cieux, plutôt que l’iconographie traditionnelle du filet de pêche. Une nuance symbolique, qui rappelle le rôle de gardien spirituel dévolu au pape. Désormais, un nouvel anneau devra être forgé pour son successeur, une pièce unique, empreinte de continuité, de foi, et de mémoire.