L’élection de Robert Francis Prevost comme nouveau pape marque un tournant dans l’histoire de l’Église catholique.
Discret, spirituel et enraciné dans une expérience missionnaire profonde, il devient à 69 ans le premier souverain pontife américain, sous le nom de Léon XIV. Un nom qui annonce une continuité sociale, une réforme douce et un message universel de paix.
Né à Chicago, de sang français, italien et espagnol, Robert Francis Prevost est une figure atypique dans les hautes sphères du Vatican. Élu pape ce 8 mai 2025, il succède à François et devient le 267e chef de l’Église catholique. Par son nom de règne, il rend hommage à Léon XIII, pape du catholicisme social, laissant entrevoir un pontificat tourné vers la justice, la fraternité et la proximité avec les plus modestes. Religieux augustinien, il incarne la spiritualité de saint Augustin : une foi intérieure, exigeante et humble.
Un missionnaire de terrain devenu stratège romain
Ordonné prêtre en 1982, le nouveau pape a passé plus de dix ans au Pérou, fondant paroisse, séminaire et guidant des communautés rurales. Il parle couramment espagnol, connaît les défis du terrain et garde, selon ses proches, le regard d’un homme habité par le service des autres. Appelé à Rome en 2023 par le pape François pour diriger le dicastère des évêques, il a su y faire preuve d’écoute, de rigueur et de pondération. Une ascension discrète mais constante, marquée par sa capacité à apaiser les tensions et à bâtir une Église qui « construit des ponts » plutôt qu’elle ne dresse des murs.
Un message d’unité et de paix dès sa première apparition
Depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, le pape Léon XIV a placé son premier discours sous le signe d’une paix désarmée, ancrée dans l’amour du Christ ressuscité. « Une paix désarmante, humble et persévérante », a-t-il soufflé à la foule rassemblée. Il s’est dit prêt à marcher aux côtés de ses frères cardinaux et de tous les fidèles, pour « proclamer l’Évangile sans peur » et pour construire une Église synodale, en marche, ouverte aux souffrances et aux espérances du monde.
Un homme de dialogue face aux défis de l’Église
Formé au droit canonique, Léon XIV entend renouveler l’épiscopat mondial par une approche plus pastorale et moins hiérarchique. Il a rappelé à plusieurs reprises l’importance d’impliquer les laïcs, y compris les femmes, dans les processus de discernement. Sans remettre en question l’exclusion des femmes du diaconat, il affirme leur rôle central dans la gouvernance ecclésiale. Son dicastère compte d’ailleurs désormais trois femmes à des postes décisionnels. « Nous devons écouter le peuple de Dieu », a-t-il insisté à plusieurs reprises. Le synode sur la synodalité, auquel il a activement contribué, devrait marquer durablement son pontificat.
Un pontificat dans la lignée de François… avec ses propres nuances
Si la filiation spirituelle avec le pape François est évidente – notamment sur le plan social et missionnaire – Léon XIV se distingue par une profondeur liturgique qui évoque aussi Benoît XVI, et une vision apostolique proche de celle de Jean-Paul II. Son style, plus sobre, voire réservé, tranche avec certaines formes de communication moderne, mais séduit par sa cohérence et son humilité. Il s’agit d’un pontife du dialogue, de la patience, et d’une foi qui préfère la charité aux déclarations tonitruantes.
Un passé scruté, une polémique en héritage
À peine élu, Léon XIV doit néanmoins répondre à une controverse survenue lors de son passage à la tête d’une province augustinienne aux États-Unis, entre 1999 et 2001. Il y avait accueilli un religieux condamné pour abus près d’une école primaire. L’affaire, bien que traitée selon les normes de l’époque, soulève aujourd’hui des interrogations à la lumière des exigences actuelles. Depuis, le cardinal Prevost a été un acteur central de l’application du motu proprio Vos estis lux mundi, exigeant la démission des évêques négligents en matière d’abus.