Sur les réseaux sociaux, une tendance controversée fait le buzz : le « princess treatment ». Derrière les gestes de galanterie se cache parfois une vision stéréotypée et rétrograde des rapports homme-femme. La vidéo virale de Courtney Palmer relance le débat sur l’égalité, l’autonomie et le sexisme ordinaire.
Le concept de « traitement de princesse » séduit de nombreuses jeunes femmes en quête d’attention romantique, mais il soulève aussi de vives critiques. À première vue, il s’agit d’être choyée par son compagnon : recevoir des fleurs, se faire ouvrir les portes ou encore se faire offrir des rendez-vous au spa. Mais sous cette façade idyllique, certains y voient une forme de soumission déguisée.
Courtney Palmer, influenceuse américaine de 37 ans, est au cœur de la polémique. Dans une vidéo vue plus de 6,7 millions de fois, elle décrit son mode de vie « princesse femme au foyer », où son mari gère tout : commandes au restaurant, discussions avec le personnel, choix des plats. Elle revendique même de ne pas parler, sauf si on lui adresse la parole, estimant que la discrétion est le summum de l’élégance féminine.
Une vision rétrograde assumée
Courtney Palmer défend l’idée d’un couple structuré autour de rôles genrés très marqués : l’homme dirige, la femme se laisse guider. Elle insiste sur l’aspect volontaire de cette dynamique, qu’elle décrit comme romantique et valorisante. Selon elle, laisser son mari « tout prendre en main » est une forme d’hommage à sa virilité.
Mais cette rhétorique, loin de faire l’unanimité, en heurte plus d’un·e. Sur TikTok et ailleurs, de nombreux internautes dénoncent une attitude infantilisante et profondément sexiste. Certains la comparent même à une forme de « soumission consentie », rappelant les modèles de femmes idéalisées par les mouvances dites tradwives — ces épouses traditionnelles qui prônent la soumission à l’homme et le retour au foyer.
Une tendance détournée de son sens initial
À l’origine, le « princess treatment » mettait en lumière des gestes tendres et attentionnés dans un cadre équilibré et mutuel. Il ne s’agissait pas de renoncer à son autonomie, mais d’apprécier des marques de gentillesse au sein d’une relation moderne. La vidéo de Courtney Palmer dénature cette dynamique, selon de nombreuses voix féminines.
Llaran Turner, étudiante de 26 ans, estime que cette vision n’a rien de romantique. Pour elle, « ce n’est pas un traitement de princesse, c’est du contrôle ». Le respect et l’égalité sont des fondements incontournables d’une relation saine, et non l’effacement volontaire d’un des partenaires sous couvert de délicatesse.
L’humour pour dénoncer le danger
Face à cette tendance qu’elle juge préoccupante, la créatrice Meredith Lynch a choisi l’ironie pour répondre. Dans une vidéo devenue virale, elle imagine qu’elle suit aveuglément son mari au point d’accepter un plat auquel elle est allergique : « Si je fais un choc anaphylactique, je mourrais tout simplement. Parce que ce n’est pas très féminin d’utiliser un Epipen. »* Cette satire grinçante met en lumière l’absurdité d’un modèle où la femme s’efface totalement.
Pour Lynch, comme pour bien d’autres, demander aux femmes de se taire et de suivre sans question revient à raviver les vieux schémas de domination patriarcale. À une époque où les combats pour l’émancipation restent cruciaux, ces injonctions à la soumission déguisée apparaissent comme des reculs inquiétants.
Un débat révélateur d’un malaise plus profond
La controverse autour du « princess treatment » reflète les tensions actuelles sur la place des femmes dans la société et dans le couple. Si certaines femmes trouvent dans ce modèle une forme de confort ou de valorisation, d’autres y voient un dangereux retour en arrière, masqué par un vernis de romantisme.
Courtney Palmer affirme que ses propos ont été mal compris. Mais le malaise persiste, d’autant plus que ses vidéos continuent d’être massivement partagées. Ce débat met en lumière une fracture générationnelle et idéologique sur les attentes relationnelles, entre celles qui revendiquent l’égalité et celles qui, volontairement ou non, reproduisent des rôles d’un autre temps.