Deux ans avant l’échéance présidentielle, un sondage IFOP bouscule le paysage politique français.
Publiée par le média Hexagone, cette enquête explore divers scénarios électoraux et révèle des rapports de force inattendus, de la percée confirmée du Rassemblement national à l’éclatement d’une gauche toujours fragmentée. Le scrutin de 2027 semble encore loin, mais les lignes bougent déjà.
Quel que soit le scénario testé par l’IFOP, le Rassemblement national arrive en tête au premier tour de la présidentielle de 2027, avec une fourchette de 32 à 35 % des intentions de vote. Cette domination est doublement symbolique : non seulement le parti hérite du soutien massif des actifs (36 %), mais il conquiert désormais la majorité des retraités (29 %), longtemps bastion de la droite traditionnelle. Marine Le Pen reste la figure de proue, mais si elle devait être empêchée, Jordan Bardella serait son successeur naturel : 91 % de ses électeurs de 2022 se reporteraient sur lui.
Une recomposition partielle des droites
L’étude révèle aussi une migration partielle de l’électorat d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse vers le RN. 38 % des électeurs de Zemmour et 17 % de ceux de Pécresse voteraient Bardella, illustrant une droite de plus en plus poreuse. Le bloc central, quant à lui, peine à s’imposer. L’incertitude reste totale entre Gabriel Attal et Édouard Philippe, ce dernier s’avérant plus performant dans les projections : 22 % au premier tour contre 14 % pour le jeune Premier ministre, s’il devait le remplacer. Un second tour Philippe-Bardella serait extrêmement serré, avec une égalité à 50-50 et 28 % d’indécis.
À gauche, Glucksmann en tête… sous condition
Dans l’hypothèse d’une gauche unie sans LFI, Raphaël Glucksmann se détache légèrement avec 15 % des voix, contre 13 % pour Jean-Luc Mélenchon. Mais cette hypothèse repose sur une coalition parfaite entre le Parti socialiste, les Verts et les communistes derrière le même candidat, ce qui reste hautement improbable. Dans un scénario éclaté, Mélenchon repasserait en tête avec 10 %, suivi de Glucksmann (9 %), François Ruffin (4,5 %), Fabien Roussel (2,5 %), Marine Tondelier (2 %) et Nathalie Arthaud (1 %). Sans unité, la gauche se retrouve mécaniquement éliminée dès le premier tour, incapable de rivaliser avec les blocs RN ou centriste.
Une défaite écrasante pour Mélenchon au second tour
Si Jean-Luc Mélenchon parvenait à se hisser jusqu’au second tour face à Jordan Bardella, l’issue serait sans appel : 67 % pour Bardella contre 33 % pour Mélenchon, selon l’IFOP. Pire encore, 41 % des électeurs déclarent qu’ils n’exprimeraient pas d’intention de vote dans cette configuration. Un chiffre supérieur au taux d’abstention observé en 2022 (28 %). Le rejet croisé des deux candidats semble alimenter un désengagement massif, posant une question centrale pour 2027 : comment mobiliser un électorat désenchanté face à une offre politique jugée polarisée ou désincarnée.
Philippe versus Attal : deux styles, deux électorats
Le duel interne au centre droit entre Édouard Philippe et Gabriel Attal est également scruté de près. Dans tous les cas de figure, Philippe surpasse Attal de huit points et semble davantage en mesure de fédérer au second tour. Lorsque le premier affronte Bardella, le score est de 50-50 ; dans le cas du second, Bardella l’emporte avec 52 % des voix, marquant un léger avantage du RN face à une figure jugée plus jeune et plus clivante. Cette différence révèle un socle électoral plus large pour Philippe, probablement lié à son image d’ancien Premier ministre modéré.
Une élection à haut risque démocratique ?
Au-delà des chiffres, le sondage met en lumière une défiance croissante envers les partis traditionnels et une montée inquiétante de l’abstention potentielle. Le RN n’a jamais été aussi proche de l’Élysée, et si les noms des candidats ne sont pas encore tous officiels, les rapports de force se dessinent clairement. Le risque ? Un second tour sans alternative claire pour une grande partie de l’électorat, renforçant le sentiment de résignation ou d’exclusion démocratique. Les partis n’ont plus deux ans pour désigner un nom : ils ont deux ans pour reconquérir la confiance d’un peuple déboussolé.