Le marché du halal s’impose désormais comme un poids lourd de la distribution française. Longtemps cantonné à des commerces de proximité, il séduit aujourd’hui les grandes enseignes et attise les débats, entre opportunité économique et controverses culturelles.

Dernier épisode en date : la prise de position de Michel-Édouard Leclerc sur ce sujet sensible, après une rumeur virale qui a enflammé les réseaux sociaux. En France, le halal représente un marché estimé à plus de 10 milliards d’euros, en constante croissance depuis une décennie. La demande s’étend bien au-delà des foyers pratiquants : de nombreux consommateurs y voient un gage de traçabilité et de qualité, renforçant ainsi son attractivité.
Les grandes enseignes ne s’y trompent pas. Carrefour a lancé sa chaîne H-Market, entièrement dédiée à ce segment, tandis que Casino ou Auchan multiplient les partenariats avec des grossistes spécialisés. Selon les analystes, la viande halal pèse déjà jusqu’à 17 % du marché du poulet en France, un chiffre en hausse constante.
Mais derrière cette réussite commerciale, le débat reste vif. Car si la mention halal rassure certains clients, elle en irrite d’autres, qui y voient une “concession religieuse” dans la sphère commerciale.
La rumeur qui a enflammé les réseaux : “60 % de viande halal” chez Leclerc ?

Tout est parti d’une affirmation virale circulant sur les réseaux sociaux, prétendant que Michel-Édouard Leclerc aurait transformé 60 % de la viande vendue dans ses boucheries en produits halal.
L’information, largement relayée, a provoqué un tollé numérique : certains internautes ont salué une ouverture du groupe, tandis que d’autres ont crié à la “soumission culturelle”.
Face à cette tempête, le patron du groupe Leclerc a rapidement démenti. Dans une mise au point relayée par Le Parisien et BFMTV, il a précisé que le halal ne représente en réalité que 4 % de l’offre alimentaire globale dans ses magasins, avec un pic à 17 % pour la viande de volaille. “Ces chiffres sont publics, il n’y a rien de caché”, a-t-il insisté.
Michel-Édouard Leclerc cash sur RMC : “C’est un besoin, pas un combat”
Invité sur RMC et BFMTV, Michel-Édouard Leclerc a tenu à clarifier sa position sur le sujet du halal. “C’est un besoin, tout simplement. Beaucoup de nos salariés et de nos clients consomment halal, en métropole comme outre-mer”, a-t-il expliqué, tout en soulignant les difficultés logistiques et religieuses du marché :
“Il y a des querelles de mosquées, des divergences de certifications, et beaucoup de spéculation autour de la chaîne d’approvisionnement.”
Leclerc reconnaît le potentiel commercial du secteur, mais se refuse à s’y aventurer pleinement pour le moment :
“J’avais déjà tenté il y a douze ans. J’ai pris des coups, alors j’ai arrêté. Ce n’est pas encore le moment. Mais je le ferai quand il faudra. Et oui, je sais que je me ferai tirer dessus.”
“Robin des Bois” du halal ? Une métaphore qui fait grincer

L’échange entre Michel-Édouard Leclerc et Apolline de Malherbe a pris un ton plus vif lorsque le patron s’est comparé, sur le ton de la métaphore, à un “Robin des Bois” de la grande distribution.
La journaliste l’a immédiatement interrompu :
“Vous allez trop loin.”
Un sourire aux lèvres, Leclerc a maintenu sa ligne :
“Je veux bien en prendre des coups, c’est souvent dans les combats qu’on se révèle. Mais pour l’instant, j’en mène d’autres.”
Un échange qui a fait réagir les internautes, certains saluant sa franchise, d’autres son opportunisme calculé.
Entre opportunité économique et crispations identitaires
Pour les observateurs du secteur, l’attentisme de Michel-Édouard Leclerc illustre la sensibilité du dossier. Le halal est à la fois un marché porteur et un terrain politique miné.
D’un côté, la demande explose ; de l’autre, la peur d’une “instrumentalisation religieuse” persiste dans une partie de l’opinion.










