Judith Godrèche, figure emblématique de #MeToo en France, a exprimé son indignation après avoir été mise en examen pour diffamation envers le cinéaste Jacques Doillon.
Sur Instagram, elle dénonce une justice « à deux vitesses », qui freine sa plainte pour viol tout en accélérant celle déposée contre elle. En matière de diffamation, la mise en examen est une étape procédurale automatique, sans présumer de la culpabilité. Elle ne découle pas d’« indices graves et concordants », contrairement aux enquêtes pénales classiques. Judith Godrèche, 53 ans, est poursuivie pour avoir écrit sur Instagram que Jacques Doillon, qu’elle accuse de l’avoir violée à 15 ans, avait « pour spécialité de tourner avec des enfants avec qui il couche ».
Une accusation qui remonte aux années 1980
La comédienne avait porté plainte début 2024 contre le cinéaste, mais son action se heurte aujourd’hui à la prescription. Jacques Doillon, 81 ans, nie catégoriquement les faits. Après plusieurs plaintes, dont celle de Judith Godrèche, il avait été placé fin 2024 sous le statut de témoin assisté dans le cadre d’une enquête pour viols sur mineur. L’affaire illustre les difficultés rencontrées par les victimes présumées face à des délais de prescription souvent jugés trop courts.
La dénonciation d’une justice « dissuasive » pour les victimes
Sur Instagram, Judith Godrèche interroge l’effet de ces procédures sur la parole des victimes. « D’un côté, ma plainte contre lui se heurte à la prescription. De l’autre, pour sa plainte contre moi, la justice ne perd pas de temps », écrit-elle. Elle souligne que ce mécanisme pourrait décourager d’autres femmes à dénoncer des violences sexuelles.
Un climat tendu autour des plaintes en diffamation
Le recours aux poursuites pour diffamation dans des affaires de violences sexuelles suscite une inquiétude croissante. Plusieurs collectifs féministes et de journalistes y voient une forme d’intimidation. Le 6 septembre, un collectif s’est ému de la mise en examen de Marie Portolano, poursuivie par Pierre Ménès pour diffamation après la publication d’un témoignage sur une agression sexuelle en 2016. Selon eux, ces procédures inversent la charge victimaire, plaçant les plaignantes sur le banc des accusées au lieu de protéger leur parole.
Un procès attendu qui pourrait marquer un tournant
Judith Godrèche assure attendre le procès en diffamation « avec impatience », sauf si Jacques Doillon se désiste. Elle promet d’y « expliquer la vérité » sur son comportement. Cette affaire, emblématique des tensions entre liberté d’expression, protection des victimes et respect de la présomption d’innocence, s’annonce comme un moment crucial pour le mouvement #MeToo en France et pour le débat sur les violences sexuelles dans le cinéma.