Alors qu’il était en pleine opération de séduction autour de son livre « Ce que je cherche », Jordan Bardella s’est attiré les foudres du fisc. En cause : une stratégie de communication douteuse mêlant dons politiques et avantages en nature. Résultat, 1510 donateurs se retrouvent le bec dans l’eau… et sans leur livre.
Le 18 décembre 2024, une idée jugée ingénieuse par les équipes de communication du Rassemblement National a tourné court. Jordan Bardella proposait alors d’offrir un exemplaire de son livre à toute personne faisant un don de 50 euros ou plus au parti. Une initiative qui a d’abord attiré l’attention du Canard enchaîné, avant d’être formellement pointée du doigt par l’administration fiscale. Le problème ? Ce type d’opération est contraire aux règles strictes encadrant les dons politiques.
Un cadeau incompatible avec la défiscalisation
En France, les dons aux partis politiques sont défiscalisables à hauteur de 66 %, à condition qu’ils soient faits sans contrepartie. Or, offrir un ouvrage d’une valeur de 22,90 euros pour un don de 50 euros revient à proposer un avantage tangible, ce qui est formellement interdit. Le fisc accepte seulement des cadeaux dits symboliques – pins, autocollants ou photos dédicacées – dans la limite de 25 % de la valeur du don. Dans ce cas précis, ce seuil était largement dépassé, puisque la valeur du cadeau représentait près de 46 % du montant versé.
Un rétropédalage en urgence
Alerté par les autorités fiscales, le Rassemblement National a dû annuler l’opération en urgence. Mais le mal était fait : 1 510 personnes avaient déjà répondu à l’appel, pensant bénéficier du double avantage du soutien politique et du cadeau littéraire. Problème : le parti ne pourra pas leur envoyer le livre sans risquer de nouvelles sanctions. Et pour cause, en l’état, cela constituerait une fraude déguisée au dispositif de défiscalisation.
Les donateurs lésés… et mis devant le fait accompli
Selon Challenges, les contributeurs concernés ont été informés qu’ils ne recevront pas l’ouvrage, sauf à l’acheter eux-mêmes. Un revirement qui suscite l’incompréhension, voire l’irritation chez certains sympathisants, pris à contrepied par ce faux bon plan. Jordan Bardella, quant à lui, se retrouve dans une position inconfortable, alors même qu’il voulait capitaliser sur la sortie de son livre pour renforcer sa stature présidentielle à deux ans de l’échéance de 2027.
Une erreur stratégique aux conséquences politiques
L’affaire, bien que technique, n’en reste pas moins symbolique. Elle pointe un manque de maîtrise des règles entourant le financement des partis politiques, alors que le RN cherche à se crédibiliser sur la scène institutionnelle. Offrir un livre dans le cadre d’un appel au don n’est pas illégal en soi, mais doit s’accompagner de précautions strictes. Ici, l’erreur de calcul a été manifeste – et pourrait bien coûter au parti une part de sa crédibilité auprès des services de contrôle… et de ses propres soutiens.