À l’approche des élections européennes du 9 juin, le paysage politique français s’anime autour d’une figure qui capte toutes les attentions : Jordan Bardella.
Porté par des sondages plus que favorables, le président du Rassemblement national affiche ses ambitions, tout en refermant résolument la porte à un éventuel retour de Marion Maréchal dans le giron du parti.
Les derniers sondages confirment une dynamique éclatante : Jordan Bardella domine la campagne des européennes avec 33,5 % des intentions de vote, selon une enquête Ifop-Fiducial diffusée par LCI. Un score qui place largement le Rassemblement national devant la liste Renaissance menée par Valérie Hayer (16 %), elle-même talonnée par Raphaël Glucksmann (14 %). À l’inverse, Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête !, peine à convaincre, stagnante à 6,5 %, à égalité avec Marie Toussaint pour les Écologistes.
Pour Jordan Bardella, cette avance est une preuve de légitimité politique, mais également une arme de pression. Dans Le Parisien du 30 mai, il annonce la couleur : « En cas de victoire, je demanderai la dissolution de l’Assemblée nationale. » Une déclaration qui en dit long sur les ambitions du jeune leader d’extrême droite, prêt à provoquer un bouleversement institutionnel majeur.
Le spectre d’un retour de Marion Maréchal au RN
Dans ce contexte, une question agite les observateurs : Marion Maréchal pourrait-elle revenir au RN en cas d’échec cuisant ? La réponse de Jordan Bardella est claire et sans détour : « Je ne crois pas. » Et il en précise les raisons : « Elle a fait le choix de quitter le RN et d’exprimer ses désaccords avec nous. »
Ce désaccord, Bardella le vit comme une forme de gâchis. Il regrette que Marion Maréchal consacre tant d’énergie à maintenir en vie un mouvement marginal, Reconquête !, alors que, selon lui, « le mouvement qui partage l’essentiel de ses idées est en capacité de gagner la prochaine présidentielle. » Une pique directe qui souligne l’inutilité perçue de la concurrence sur sa droite.
Une rupture familiale difficile à ignorer
L’opinion de Jordan Bardella trouve un écho du côté de Marine Le Pen, qui, sur le plateau de LCI le 29 mai, a tenu des propos similaires : « Ce sont des romans de journalistes. Je ne crois pas qu’elle puisse revenir. » Pour la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, la rupture date de la campagne présidentielle de 2022, lorsque Marion Maréchal avait quitté les rangs de son parti d’origine pour rejoindre Éric Zemmour.
« Elle est tête de liste d’une formation concurrente. Nous nous combattons, tout en nous aimant beaucoup parce que c’est ma nièce », a-t-elle confié à Darius Rochebin, tentant de ménager le lien familial tout en affirmant une frontière politique infranchissable. La trahison semble encore fraîche, et Marine Le Pen n’entend pas se prêter à l’exercice de la réconciliation fictive : « Je ne fais pas de politique-fiction. »
L’ombre de l’abstention plane sur la campagne
Si Jordan Bardella caracole en tête des sondages, il n’en reste pas moins inquiet quant à la mobilisation réelle de son électorat le jour du vote. Il redoute un scénario dans lequel les électeurs séduits par ses discours resteraient finalement chez eux. Dans ce contexte, les 6,5 % de voix que recueille Marion Maréchal n’apparaissent plus comme anecdotiques. Une jonction entre les deux courants aurait pu offrir une base électorale encore plus solide, voire décisive.
Mais la réalité est toute autre : la droite radicale est aujourd’hui divisée, entre un Rassemblement national dominant et un Reconquête ! marginalisé. Jordan Bardella entend bien capitaliser sur cette situation pour s’imposer non seulement à Bruxelles, mais aussi comme prétendant sérieux à l’échéance présidentielle de 2027.
Une stratégie de conquête assumée
La ligne politique de Jordan Bardella ne laisse plus place au doute : il veut incarner la figure de proue de la droite souverainiste française. Fort d’un électorat jeune et mobilisé, d’un discours offensif et d’une position de leader incontesté au sein du RN, il construit méticuleusement son ascension vers les plus hautes sphères du pouvoir.
En excluant l’hypothèse d’un retour de Marion Maréchal, il affirme sa mainmise sur le camp national, refuse toute dispersion, et renforce une image d’autorité maîtrisée. À quelques jours du scrutin, c’est avec détermination qu’il trace sa route, sûr de sa légitimité, mais conscient que rien n’est jamais acquis dans une démocratie.