Derrière les envolées populistes et les déclarations chocs, une réalité parlementaire embarrassante rattrape plusieurs figures majeures de l’extrême droite française à Bruxelles.
Bardella, longtemps moqué pour son absentéisme, n’est plus seul dans le viseur : Guillaume Peltier et Marion Maréchal affichent des bilans encore plus indigents au Parlement européen.
Jordan Bardella, longtemps présenté comme le symbole de l’absentéisme au Parlement européen, vient d’être dépassé dans ce classement peu flatteur. Selon les données compilées par le site Projet Arcadie, le président du Rassemblement national, qui aime se prévaloir d’un « excellent taux de présence », reste toutefois très loin des standards attendus d’un élu européen. Son manque d’investissement au sein des commissions parlementaires, son faible nombre de rapports produits et ses rares interventions en plénière alimentent les critiques sur son implication réelle.
Mais deux autres noms viennent désormais lui voler la vedette dans la rubrique des élus fantômes : Guillaume Peltier et Marion Maréchal.
Guillaume Peltier, champion du siège vide
Député européen sous la bannière de Reconquête, Guillaume Peltier affiche un taux de présence en commission catastrophique. Sur les 29 réunions de la commission des Affaires économiques, à laquelle il appartient, il n’a participé qu’à… quatre. Il n’a pris part qu’à deux votes sur onze dans cette même instance, et aucun dans les autres commissions où il est pourtant inscrit comme suppléant.
En séance plénière, son bilan est à peine meilleur : 30 votes sur 44, six interventions et aucun rapport rédigé. Un niveau d’activité largement en deçà des attentes pour un député européen censé représenter les citoyens français sur des sujets majeurs comme l’économie, la régulation bancaire ou les plans de relance européens.
Marion Maréchal : entre posture politique et vide législatif
La nièce de Marine Le Pen, tête de liste Reconquête aux européennes de 2024, n’échappe pas non plus à la critique. Son taux de participation aux votes en plénière la place avant-dernière parmi tous les eurodéputés français. Elle intervient rarement, produit peu, et semble elle aussi privilégier l’exposition médiatique aux réalités du travail parlementaire.
Le constat est sans appel : malgré leur visibilité sur la scène politique française, ces élus peinent à s’impliquer dans la mécanique européenne. Leur engagement semble s’arrêter aux tribunes médiatiques et aux prises de position idéologiques, laissant de côté la rigueur attendue au sein des institutions.
Un scandale financier en toile de fond
Et comme si cela ne suffisait pas, une autre affaire vient entacher la crédibilité du groupe parlementaire auquel appartiennent ces élus : 4,3 millions d’euros auraient été indûment dépensés. Ces fonds, alloués au groupe ID (Identité et Démocratie), sont aujourd’hui dans le viseur d’un audit interne. Si les responsabilités individuelles restent à établir, le climat de suspicion grandit autour de cette galaxie politique européenne marquée par le repli souverainiste et les discours sur la rigueur budgétaire.
La contradiction est d’autant plus criante que ces élus dénoncent régulièrement les « gaspillages de Bruxelles » tout en affichant un absentéisme chronique et des dépenses mal encadrées.
Une stratégie de façade ?
Pour certains observateurs, cette attitude relève d’un calcul politique : minimiser l’investissement européen pour mieux nourrir un discours anti-UE en France. En se tenant volontairement à l’écart du fonctionnement des institutions, certains eurodéputés d’extrême droite chercheraient à démontrer leur inefficacité… pour mieux appeler à leur transformation, voire leur démantèlement.
Mais pour les citoyens, l’effet est tout autre : un sentiment de trahison face à des élus invisibles, grassement rémunérés, et absents là où leur voix pourrait peser.