La chute de François Bayrou à Matignon, actée le 8 septembre 2025, bouleverse déjà le paysage politique français.
Le dernier sondage Toluna-Harris Interactive pour RTL, publié ce 9 septembre, place Jordan Bardella en tête des personnalités que les Français aimeraient voir accéder au poste de Premier ministre. Une percée qui confirme l’ancrage du président du Rassemblement national comme figure centrale de l’après-Bayrou.
Selon ce sondage, 43 % des Français souhaitent que Jordan Bardella soit nommé Premier ministre, un score qui le place nettement devant Marine Le Pen et Bruno Retailleau (36 % chacun). L’ascension du président du RN, déjà largement médiatisée ces dernières années, prend désormais une tournure institutionnelle : il apparaît comme l’option privilégiée par une partie croissante de l’opinion publique pour incarner l’alternance.
Une concurrence affaiblie
Parmi les autres noms évoqués pour Matignon, aucun ne dépasse la barre des 32 %. Gérald Darmanin, aujourd’hui ministre de la Justice, recueille 32 % d’opinions favorables, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, seulement 28 %. Catherine Vautrin et Éric Lombard ferment la marche, confirmant les difficultés des ministres actuels à séduire au-delà de leur périmètre. Du côté des personnalités extérieures au gouvernement, Xavier Bertrand plafonne à 27 %, tandis que Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, est cité mais sans poids réel dans cette course.
Un climat politique en recomposition
La situation actuelle s’inscrit dans un contexte d’instabilité chronique : François Bayrou est déjà le sixième Premier ministre nommé par Emmanuel Macron, et son mandat n’aura duré que 270 jours. Cet énième échec nourrit la perception d’un exécutif incapable de stabiliser son action. Dans ce vide politique, Jordan Bardella apparaît comme un recours possible, profitant d’un capital de popularité que son parti travaille à transformer en crédibilité gouvernementale.
Un échange tendu sur RTL
Invité ce mardi matin par Marc-Olivier Fogiel, Jordan Bardella a été interpellé sur une question sensible : faut-il aller jusqu’à la destitution d’Emmanuel Macron, comme le réclame Jean-Luc Mélenchon et LFI ? Agacé, le patron du RN a reproché au journaliste une “lecture caricaturale des choses”, avant de conclure avec une pique : « Engagez-vous ! Peut-être que vous seriez élu et que vous porteriez la rupture que les Français attendent, monsieur Fogiel ! ». Une sortie qui illustre à la fois son sens de la répartie et sa stratégie : se poser en outsider prêt à incarner le changement.
Une étape décisive pour le RN ?
Jamais le Rassemblement national n’avait été aussi proche des portes de Matignon. L’échec des gouvernements successifs et l’usure du macronisme offrent à Bardella une opportunité historique. Mais entre sondages flatteurs et réalité institutionnelle, l’écart demeure. La question reste entière : Emmanuel Macron prendra-t-il le risque d’un Premier ministre issu du RN, ou tentera-t-il un nouveau compromis politique pour repousser l’échéance ?