Une phrase, et la polémique s’enflamme. En déclarant que l’héritage était “ce truc qui vous tombe du ciel”, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclenché une vague d’indignation.

Derrière cette sortie choc, un débat de fond refait surface : faut-il taxer davantage les transmissions de patrimoine pour corriger les inégalités sociales ? Invitée sur le plateau de CNews, Yaël Braun-Pivet a dénoncé le caractère inégalitaire du système successoral français, estimant qu’il perpétue les écarts entre générations. “Certains reçoivent sans effort un patrimoine qui leur tombe du ciel”, a-t-elle déclaré, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux. Pour ses détracteurs, la responsable de la majorité présidentielle a manqué de respect envers le travail et l’épargne des familles. De nombreux internautes ont rappelé que ces biens étaient souvent “le fruit d’une vie de labeur” et non un privilège tombé du ciel.
Une réforme qui divise

Au fond, Yaël Braun-Pivet plaide pour un débat national sur la taxation des successions, un sujet aussi sensible qu’explosif. Actuellement, chaque parent peut transmettre jusqu’à 100 000 euros à ses enfants sans impôt, mais au-delà, les taux grimpent jusqu’à 45 % pour les héritiers directs et 60 % pour les héritiers éloignés. Pour la présidente de l’Assemblée, ce système doit être repensé afin d’éviter que les inégalités patrimoniales se creusent d’une génération à l’autre. Elle s’inscrit dans la lignée d’économistes comme Thomas Piketty, qui plaident pour une redistribution plus équitable du capital.
Un contexte budgétaire tendu

Le timing de cette déclaration n’est pas anodin. Alors que le déficit public français avoisine les 140 milliards d’euros et que le gouvernement cherche de nouvelles recettes, l’idée de renforcer la fiscalité sur l’héritage revient régulièrement sur la table. Dans un pays où plus de la moitié des jeunes de moins de 35 ans n’hériteront d’aucun bien immobilier, selon le Conseil d’analyse économique, la question devient aussi sociale que générationnelle. Pour certains, taxer davantage les grosses successions permettrait de rééquilibrer les chances ; pour d’autres, ce serait une atteinte à la propriété et au fruit du travail des familles.
Un sujet politiquement risqué
La sortie de Yaël Braun-Pivet intervient à moins de deux ans de la présidentielle de 2027, dans un contexte où la majorité cherche à séduire un électorat de gauche en perte de repères. En se positionnant sur la justice sociale, la présidente de l’Assemblée nationale adopte un discours plus progressiste, au risque de froisser l’aile libérale du camp macroniste, opposée à toute hausse de la fiscalité. Ces derniers craignent que la mesure freine l’investissement et l’esprit entrepreneurial, déjà mis à mal par la conjoncture économique.










