Entre coups de gueule politiques et règlements de comptes personnels, la tension entre Christian Estrosi et Éric Dupond-Moretti a franchi un nouveau cap. Ce qui n’était jusque-là qu’une querelle de mots s’est transformé en affrontement presque physique, révélant les rancunes profondes entre deux figures au tempérament explosif.
Rien ne prédestinait Christian Estrosi et Éric Dupond-Moretti à partager un dîner convivial. Le maire de Nice et l’ancien garde des Sceaux entretiennent depuis longtemps une relation faite de piques et de mépris assumé. Leur animosité s’est ravivée début octobre, lorsque l’élu niçois avait publiquement réclamé la démission d’Emmanuel Macron et la tenue d’une présidentielle anticipée. Cette sortie jugée populiste par certains avait fait bondir Dupond-Moretti, qui s’était empressé de fustiger « le pire courtisan » qu’il ait jamais rencontré.
Cette nouvelle passe d’armes, sur fond de crise institutionnelle, n’a fait qu’alimenter une hostilité déjà bien ancrée entre les deux hommes, chacun voyant en l’autre le symbole d’une politique qu’il exècre.
Un dîner niçois qui vire à la confrontation
Selon les révélations du Canard enchaîné, le 22 octobre dernier, le hasard – ou le destin – a voulu que les deux adversaires se croisent dans un restaurant très fréquenté de Nice. Éric Dupond-Moretti, attablé avec des amis, aurait vu débarquer un Christian Estrosi prompt à la provocation. « Ici, je suis avec de vrais amis ! », aurait lancé le maire, accompagné de sa femme Laura Tenoudji, avant que les mots ne se fassent plus durs.
Les insultes ont alors fusé dans un échange digne d’une scène de théâtre politique : « Espèce d’intermittent du spectacle ! » aurait lancé Estrosi, à quoi Dupond-Moretti aurait répondu sans détour : « Et toi, pas un intermittent de la connerie ! ». Les témoins décrivent un moment de forte tension, un duel d’ego en plein cœur de la Côte d’Azur, où la joute verbale a frôlé la bagarre.
« On sort, si tu veux ? » aurait proposé l’ancien ministre de la Justice, visiblement prêt à en découdre, tandis qu’Estrosi aurait menacé de lui « en coller une ». Finalement, le maire aurait préféré battre en retraite, non sans une dernière pique cinglante : « Tu seras bientôt OQTF à Nice ! ».
Des démêlés judiciaires qui ternissent l’image du maire
Mais l’affaire ne s’arrête pas à cette altercation. Christian Estrosi est aujourd’hui fragilisé par plusieurs dossiers judiciaires qui risquent de peser lourd dans sa carrière. Déjà placé en garde à vue en juin pour une affaire de prise illégale d’intérêts, il est désormais visé par un nouveau signalement pour « abus de biens sociaux » et « recel d’abus de biens sociaux ».
D’après Nice-Matin, un lanceur d’alerte a saisi le Parquet national financier au sujet des activités de conseil du couple Estrosi-Tenoudji, évoquant plus de 1,5 million d’euros d’honoraires versés. De quoi jeter une ombre sur la probité du maire, alors qu’il entame une nouvelle campagne municipale. Ses avocats, eux, dénoncent « une manœuvre politique destinée à salir leur client ».













