Alors que la situation en Nouvelle-Calédonie reste délicate après l’échec des récentes négociations, Marine Le Pen saisit l’occasion d’un déplacement sur place pour s’inviter dans les futures discussions initiées par Emmanuel Macron.
Un positionnement politique stratégique, mais aussi une mise au point interne sur les équilibres du Rassemblement national. En visite à Nouméa, Marine Le Pen a clairement affiché son intention de participer aux consultations parisiennes prévues à la mi-juin sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Une initiative lancée par l’Élysée après l’échec des discussions conduites par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, début mai. La cheffe du RN s’appuie sur son score de 40 % lors de la présidentielle de 2022 dans l’archipel pour revendiquer une place à la table : “Je crois que ce serait une bonne chose que je puisse participer effectivement à ces consultations.”
Une posture présidentielle affirmée
Marine Le Pen ne cache pas non plus sa volonté de se projeter dans l’échéance de 2027 : “Si je suis élue, je serai amenée à avoir une part active dans les décisions qui seront prises.” Une manière de rappeler qu’elle reste candidate malgré sa condamnation en première instance à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, un jugement qu’elle entend contester en appel en 2026. Son intervention à Nouméa s’inscrit dans une stratégie de légitimation sur les dossiers ultramarins, souvent laissés à la marge des grands débats nationaux.
Se positionner comme la “voix modérée”
Dans un discours mesuré, Marine Le Pen a tenu à incarner une “voie médiane” face aux tensions entre indépendantistes et loyalistes. “Je ne dis pas que je vais régler le problème, mais je peux apporter ma pierre à l’édifice”, a-t-elle déclaré, affirmant vouloir éviter les postures extrêmes de chaque camp. Un ton plus nuancé qu’à l’accoutumée, sans renier son positionnement souverainiste, mais dans une optique d’élargissement de son image en vue de 2027.
Une pique à Bardella qui ne passe pas inaperçue
Interrogée sur une éventuelle participation de Jordan Bardella à ces discussions, Marine Le Pen a lâché une phrase cinglante : “Je ne suis pas sûre que Jordan pour le coup connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie. On partage nos talents.” Un propos qui sonne comme une mise au point discrète mais ferme, à l’égard d’un président du RN de plus en plus exposé médiatiquement… et présidentiable en cas “d’empêchement” de sa mentor.
Réponse mesurée mais significative de Bardella
Depuis Beaucaire, Jordan Bardella a tenté de désamorcer toute interprétation conflictuelle : “Je ne rentrerai pas dans le concours de la petite phrase”, a-t-il déclaré, soulignant qu’il n’y avait “pas de feuilles de papier à cigarette” entre eux. Une réponse apaisante en apparence, mais qui témoigne aussi d’un équilibre délicat à maintenir au sein du RN, où la succession de Marine Le Pen n’est plus un tabou. Entre ambition présidentielle et loyauté affichée, le jeu d’alliances reste fragile.