Le verdict est tombé : trente ans de réclusion criminelle pour Cédric Jubillar. Une condamnation qui clôt un chapitre judiciaire, mais pas l’histoire tragique autour de la disparition de Delphine Jubillar.
Si l’affaire semble avancée, elle reste encore marquée par les doutes, les blessures familiales et une vérité toujours partielle. Le 17 octobre 2025, la cour d’assises du Tarn a condamné Cédric Jubillar à trente ans de prison pour le meurtre de son épouse, Delphine, disparue en décembre 2020. Après quatre semaines d’audience, les jurés ont suivi la thèse de l’accusation, malgré une défense qui plaidait l’absence de preuves matérielles.
L’avocat du trentenaire a aussitôt annoncé faire appel du verdict, ouvrant la voie à un nouveau procès prévu pour 2026. En attendant, de nombreuses zones d’ombre persistent, notamment sur la localisation du corps de Delphine Jubillar, jamais retrouvé.
Nadine Jubillar, une mère entre sidération et résignation
Depuis son domicile du Tarn, Nadine Jubillar a accueilli la nouvelle dans un silence empreint d’incrédulité. Dans une interview accordée au Parisien, elle confie : « Je ne ressens rien. Je ne suis ni satisfaite, ni déçue, ni en colère. » Sa fille, bouleversée, a fondu en larmes, mais elle-même dit ne pas encore réaliser la portée de la sentence : « Trente ans… cela reste abstrait. »
La mère du condamné, longtemps restée en retrait du tumulte médiatique, décrit une forme de paralysie émotionnelle. Pour elle, la reconstruction sera lente, et le choc du procès laisse place à une attente douloureuse : celle d’une vérité complète.
Une phrase glaçante qui résonne encore
Durant le procès, Nadine Jubillar avait livré un témoignage marquant. Elle s’est souvenue d’une phrase prononcée par son fils, bien avant la disparition de Delphine : « Elle m’énerve, je vais la tuer, je vais l’enterrer, personne ne va la retrouver. »
Sur le moment, elle n’avait pas pris ces mots au sérieux, pensant à une colère passagère. Aujourd’hui, cette phrase revient hanter son esprit. Elle tente de reconstituer ce qui aurait pu se produire : « Peut-être s’est-il relevé ce soir-là pour demander des explications. Peut-être qu’elle lui a avoué avoir rencontré quelqu’un… »
Selon elle, la dispute aurait pu dégénérer : « Il lui a mis une gifle, d’où les lunettes cassées, puis la situation a échappé à tout contrôle. Mais il n’y a que lui qui pourra un jour nous le dire. »
Une relation mère-fils brisée par le doute
Lors de l’audience, Nadine Jubillar dit ne pas avoir reconnu son fils. « Je l’ai vu sans émotion, impassible. Lui qui était spontané, volubile, semblait éteint. » Elle estime qu’il s’est très mal défendu, incapable de convaincre le jury de son innocence. « Il n’a rien dit, rien montré. »
Aujourd’hui, la mère du condamné avoue ne pas avoir eu la force de lui écrire ni de lui rendre visite en détention. « C’est un blocage psychologique. Je n’y arrive pas encore. »
Un aveu bouleversant, qui traduit la complexité de ce drame familial : entre l’amour d’une mère et la conscience d’un possible crime, Nadine Jubillar vit un déchirement silencieux.