À l’aube de la diffusion d’un documentaire choc sur l’alcoolisme féminin, Fiona Gélin brise le silence.
À 62 ans, l’actrice se livre à cœur ouvert sur des décennies de dépendance. Un récit intime et courageux, qui lève le voile sur les ravages d’un mal souvent dissimulé derrière les projecteurs du succès.
Fiona Gélin n’avait que quatre ans lorsqu’elle est apparue pour la première fois à l’écran, entamant une carrière qui allait faire d’elle l’un des visages familiers du cinéma français des années 1980. Mais derrière les sourires et la lumière, un mal profond s’installait : une timidité paralysante que la jeune actrice allait très tôt tenter de dompter par l’alcool. « J’avais 15 ans quand j’ai commencé à boire », confie-t-elle dans le documentaire L’alcool au féminin, elles brisent les tabous, diffusé le 13 mai sur France 5. L’alcool devient alors une béquille, une armure face à l’angoisse.
Boire pour exister aux yeux des autres
Ce qui débute comme une aide ponctuelle pour calmer la nervosité prend rapidement racine dans son quotidien professionnel. Fiona explique que lorsqu’elle devait participer à un événement ou se rendre sur un tournage, elle s’octroyait systématiquement un Kir royal ou un shot de vodka. « Tout d’un coup, je me suis sentie moins timide, plus affirmative », avoue-t-elle. Dans le regard des hommes, sur les tapis rouges, face aux caméras, elle trouve en l’alcool un moyen de s’affirmer, de tenir debout dans un monde féroce.
L’engrenage de la dépendance
Mais le réconfort initial laisse vite place à l’addiction. Les quantités augmentent, les habitudes s’ancrent. Fiona Gélin consomme jusqu’à douze bières par jour, révélant qu’à un moment, ses journées commençaient avec un « café rhum ». Cette spirale infernale transforme profondément son quotidien. L’alcool, devenu compagnon silencieux, s’insinue dans chaque aspect de sa vie, au point de ne plus pouvoir s’en passer.
Le corps marqué, l’esprit lucide
Dans C l’hebdo la suite, Marina Carrère d’Encausse, qui recueille les confidences de Fiona dans le documentaire, souligne la force et la sincérité du témoignage. Elle déclare : « Elle a le courage de dire que l’alcool l’a profondément abîmée physiquement ». Fiona Gélin ne cache rien : son visage, son corps, son énergie ont été marqués. Mais ce qu’elle gagne aujourd’hui en dévoilant sa vérité, c’est une forme de réappropriation : celle de son histoire, de sa dignité, et peut-être, de sa liberté.
Briser le tabou : un geste salutaire
Le documentaire, auquel participent également d’autres personnalités comme Muriel Robin, s’attaque à un sujet encore tabou : la consommation d’alcool chez les femmes, souvent jugée plus sévèrement et tue plus longtemps que chez les hommes. En osant parler de son parcours chaotique, Fiona Gélin ouvre une voie de dialogue, d’écoute et peut-être de reconstruction. Ce courage, elle ne le trouve pas uniquement pour elle-même, mais pour toutes celles qui, en silence, vivent la même descente.