Le tumulte politique qui agite la France depuis plusieurs jours n’en finit pas de s’amplifier. Alors que la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu occupait toutes les discussions, un autre départ inattendu est venu secouer le fragile équilibre du gouvernement : celui de Bruno Le Maire, qui a renoncé à son poste au ministère des Armées avant même son investiture.
Nommé à la tête du ministère des Armées dans le gouvernement éphémère de Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire a surpris tout le monde en annonçant sa démission avant même de prendre ses fonctions. L’ancien ministre de l’Économie, pilier du macronisme depuis 2017, a justifié sa décision dans une déclaration à Brut : « Si je suis un grain de poussière dans ces institutions, le grain de poussière va se retirer. » Une métaphore qui illustre sa volonté d’éviter de devenir un obstacle dans un exécutif déjà fracturé.
Selon plusieurs sources, sa nomination avait ravivé de profondes tensions, notamment au sein de la majorité et parmi les Républicains. Bruno Retailleau, chef de file du parti, s’était publiquement insurgé contre cette composition gouvernementale, allant jusqu’à envisager un retrait pur et simple de la coalition. Face à cette fronde grandissante, la démission de Le Maire a précédé de peu celle du Premier ministre, plongeant encore un peu plus le pouvoir dans l’incertitude.
« Ce n’est pas moi le sujet » : un départ assumé
Dans un ton calme mais ferme, Bruno Le Maire a expliqué avoir préféré se retirer plutôt que d’alimenter la polémique : « Donc quand je vois que je suis le problème, j’appelle le président de la République et je lui dis : je me casse, pas de problème ! » Sur son compte X (ex-Twitter), il a confirmé avoir proposé à Emmanuel Macron, dès la matinée du lundi, de “se retirer du gouvernement sans délai” et de “transférer ses responsabilités au Premier ministre”. Le chef de l’État a accepté sa décision, entérinant ainsi un départ éclair.
Face aux critiques, l’ancien ministre a tenu à préciser que sa démarche relevait d’un choix personnel et non d’un désaveu politique : « Ce n’est pas moi le sujet, ce qui compte, c’est que le gouvernement soit en ordre de marche et que nos institutions fonctionnent. » Fidèle à sa réputation de technocrate rigoureux, Le Maire a confié ne jamais s’être rendu au ministère des Armées, “par respect du symbole”.
Une crise politique aux ramifications profondes
Mais derrière cette décision, Bruno Le Maire a laissé transparaître une inquiétude plus large sur la situation du pays. Dans sa déclaration à Brut, il a exprimé sa crainte d’une instabilité institutionnelle durable : « J’ai très peur, malheureusement, qu’on s’aperçoive assez rapidement que derrière toute cette mascarade, les problèmes soient beaucoup plus profonds. » Ces mots, lourds de sens, résonnent comme une critique implicite de la gestion présidentielle et de la stratégie d’Emmanuel Macron, accusé par plusieurs de ses alliés de gouverner seul, sans ligne claire.
Une fracture politique à ciel ouvert
La double démission de Sébastien Lecornu et de Bruno Le Maire illustre le désarroi d’une majorité en perte de cohérence, minée par les luttes d’influence et la défiance grandissante entre les partenaires de coalition. Le président, de plus en plus isolé, tente tant bien que mal de maintenir une façade d’unité, tandis que ses opposants appellent à une dissolution ou à un remaniement en profondeur.













