Longtemps perçue comme une infection touchant principalement les femmes, l’infection à papillomavirus humain demeure sous-étudiée chez les hommes.

Pourtant, de nouvelles données internationales montrent que le HPV circule massivement dans la population masculine, révélant un enjeu sanitaire majeur et encore trop ignoré.
Pour comprendre l’ampleur réelle du phénomène, des chercheurs espagnols de l’Institut catalan d’oncologie ont passé en revue près de trois décennies d’études. Ils ont retenu 65 travaux scientifiques portant sur plus de 44 000 hommes, issus de 35 pays, une base suffisamment large pour dresser une cartographie fiable de la prévalence mondiale du virus. Leur objectif : mesurer l’infection génitale au HPV chez les hommes, un aspect longtemps relégué au second plan.
Un réservoir d’infection largement sous-estimé

Les résultats sont sans appel. Selon la synthèse publiée dans The Lancet, près d’un homme sur trois dans le monde est porteur d’au moins un type de HPV génital, et environ un sur cinq abrite une forme dite “à haut risque”, associée aux cancers ORL ou anaux. Ces chiffres confirment que les hommes sexuellement actifs, indépendamment de leur âge, représentent un réservoir majeur de transmission. La circulation du virus ne concerne donc pas uniquement les femmes, mais l’ensemble de la population sexuellement active, ce qui impose de repenser les stratégies de prévention.
Des risques réels et encore trop méconnus
Le papillomavirus est surtout connu pour son rôle dans les cancers du col de l’utérus chez les femmes. Mais ses conséquences chez les hommes sont tout aussi préoccupantes. Les variants agressifs du virus peuvent provoquer des cancers ORL, anaux ou pénieniens, des pathologies souvent diagnostiquées tardivement, faute d’information et de dépistage. Cette méconnaissance contribue à alimenter la transmission silencieuse du HPV dans de nombreux pays.
L’urgence d’inclure les hommes dans les politiques de prévention

Pour les chercheurs, les conclusions sont claires : impossible de réduire l’impact sanitaire du HPV sans intégrer pleinement les hommes dans les campagnes de prévention. Vacciner uniquement les filles ne suffit pas à casser les chaînes de transmission, et laisse intacte une large partie du réservoir viral. Les scientifiques plaident donc pour une approche globale, incluant éducation, vaccination et sensibilisation masculine.
Une politique vaccinale encore insuffisante en France
En France, la Haute Autorité de santé recommande depuis plusieurs années la vaccination des garçons de 11 à 14 ans, une décision alignée sur de nombreux pays européens. La Ligue contre le cancer, elle, réclame une obligation vaccinale pour tous les adolescents, filles et garçons, prise en charge à 100 %, afin de prévenir les quelque 6 400 cancers annuels attribuables aux HPV dans l’Hexagone. Une mesure jugée indispensable pour faire reculer durablement cette infection omniprésente.










