À compter du 1er juillet 2025, fumer dans certains espaces publics extérieurs deviendra passible d’une amende.
Une décision du gouvernement motivée par la protection des enfants, mais qui suscite déjà la colère des buralistes, dénonçant une mesure liberticide et purement symbolique. Le débat est lancé. La ministre de la Santé a annoncé jeudi une nouvelle interdiction de fumer dans plusieurs lieux publics en plein air, à partir du 1er juillet prochain. Cette mesure concerne les plages, les parcs et jardins publics, les abords d’écoles, les abris de bus et les équipements sportifs. L’objectif affiché : protéger les enfants du tabagisme passif et les éloigner de l’influence de la cigarette dès leur plus jeune âge. « Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître », a justifié la ministre.
Les contrevenants s’exposeront à une amende forfaitaire de 135 euros. Cette nouvelle restriction s’inscrit dans une politique de santé publique plus globale visant à dénormaliser le tabac dans les espaces de vie commune, au nom de la prévention.
Une levée de boucliers du côté des buralistes
Mais cette décision gouvernementale passe mal chez les buralistes, en particulier en Pays catalan, où la grogne est vive. Rémi Ferrec, président de la Fédération des buralistes des Pyrénées-Orientales, parle ouvertement de “privation de liberté” et de “harcèlement”. Pour lui, la mesure est inutile : « Cela n’aura aucun effet sur ceux qui prennent plaisir à fumer », juge-t-il, avant de rappeler que les fumeurs ont déjà tendance à s’écarter naturellement dans les lieux publics pour ne pas déranger.
Quant à la pollution causée par les mégots, un autre argument souvent avancé pour justifier cette interdiction, il répond que “les cendriers de plage existent depuis longtemps”. Pour ce buraliste de Prades, le gouvernement cherche avant tout à soigner son image en multipliant les annonces : « Ce sont des effets de manche pour dire : ‘Regardez, je m’occupe de votre santé.’ »
Une fracture entre santé publique et liberté individuelle
Cette opposition met en lumière une tension récurrente entre les politiques de santé publique et les libertés individuelles. D’un côté, l’État veut imposer un cadre plus strict pour protéger les populations vulnérables, notamment les enfants, et réduire l’exposition involontaire au tabagisme passif. De l’autre, les professionnels du tabac et certains citoyens dénoncent une dérive paternaliste, voire moralisatrice, qui restreint encore l’espace des fumeurs sans réelle efficacité.
Les précédentes interdictions dans les lieux fermés — cafés, restaurants, transports — avaient été vivement critiquées à leur mise en œuvre, avant d’être largement acceptées. Reste à savoir si cette extension aux lieux de plein air connaîtra le même destin.
Un climat tendu à l’approche des municipales
Cette annonce intervient dans un contexte politique délicat, à un an des élections municipales. Pour certains élus locaux, ces mesures pourraient compliquer le dialogue avec les commerçants, notamment les buralistes, déjà fragilisés par la baisse des ventes de tabac et la concurrence frontalière. Il faudra observer comment les municipalités appliqueront concrètement cette interdiction, entre pédagogie, sanctions et marge de tolérance.