Alors que le débat sur l’immigration revient avec force dans l’actualité politique, quatre maires montent au créneau pour demander l’interdiction des mariages impliquant des personnes en situation irrégulière.
Une initiative qui relance une nouvelle fois la question de l’articulation entre droit au mariage et contrôle des flux migratoires. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Robert Ménard (Béziers), Marlène Mourier (Bourg-lès-Valence), Nicolas Daragon (Valence) et Stéphane Wilmotte (Hautmont) interpellent l’État sur une situation qu’ils jugent intenable : être légalement tenus de célébrer des mariages impliquant des personnes sans titre de séjour. À leurs yeux, ces unions peuvent constituer des instruments de régularisation détournée, en contradiction avec l’esprit de la loi et la mission des élus locaux. « On ne veut pas devenir des complices involontaires », martèle le texte, qui dénonce un aveuglement de l’État face à une réalité de terrain.
Un climat tendu, entre obligations légales et frustrations politiques
La prise de position fait suite à plusieurs cas médiatisés, dont celui de Marlène Mourier, qui a refusé de marier une Française avec un Tunisien sous OQTF, provoquant une vive controverse. Selon les signataires, la législation actuelle place les maires dans une position paradoxale : contraints de respecter le droit au mariage tout en soupçonnant l’instrumentalisation de ce droit à des fins de régularisation. Une situation que le président Emmanuel Macron lui-même aurait qualifiée d’« ubuesque », soulignent-ils, avant d’exiger une réforme législative claire et ferme.
Une demande de pouvoir discrétionnaire encadré
Les élus précisent qu’ils ne remettent pas en cause le droit fondamental au mariage, mais souhaitent que les maires puissent refuser certaines unions lorsque des éléments objectifs laissent penser à un mariage de complaisance ou à une tentative manifeste de régularisation abusive. Ce discernement, affirment-ils, n’est pas une lubie idéologique, mais une nécessité concrète pour préserver la crédibilité de l’action publique. Ils réclament une loi qui les protège juridiquement en cas de refus motivé, afin de ne plus être exposés à des poursuites ou à des rappels à l’ordre préfectoraux.
Un sujet sensible qui divise l’opinion
Cette proposition ne laisse pas l’opinion publique indifférente. Selon un sondage récemment publié, 75 % des Français se disent favorables à l’interdiction des mariages impliquant un étranger en situation irrégulière. Un chiffre qui montre que le sujet dépasse les clivages politiques traditionnels et rencontre une adhésion populaire importante, dans un contexte de crispation croissante autour des questions migratoires. Pour les maires concernés, ce soutien est un levier pour réclamer une révision des textes actuels, jugés déconnectés des réalités locales.
Au-delà de la question des mariages, c’est aussi le rôle et l’autorité des maires qui sont en jeu. Les signataires dénoncent une forme de mise à l’écart dans les décisions concernant leur propre commune. « Il est urgent de redonner du sens à notre rôle », écrivent-ils, appelant à réconcilier la loi avec la réalité du terrain. Une manière de rappeler que les élus locaux ne souhaitent plus être de simples exécutants, mais des acteurs à part entière de la gestion migratoire et de la cohérence républicaine.