C’est une victoire bien au-delà du ring. Imane Khelif, championne olympique algérienne, conservera sa médaille d’or décrochée à Paris 2024 malgré la tempête médiatique et les attaques institutionnelles. Une décision saluée, après des mois de calomnies et de harcèlement ciblé autour de son genre.
L’ombre de la polémique planait sur son titre depuis des mois. À l’initiative du président russe de l’International Boxing Association (IBA), Umar Kremlev, des voix s’étaient élevées pour contester l’éligibilité d’Imane Khelif dans la catégorie féminine des -66 kilos. L’IBA réclamait purement et simplement le retrait de sa médaille olympique, dans une manœuvre jugée par beaucoup comme politique et profondément injuste.
Mais cette pression n’a pas ébranlé le Comité International Olympique. Sa présidente, Kirsty Coventry, a mis un terme définitif à la polémique, déclarant lors d’une conférence de presse : « Aucune décision rétroactive ne sera prise. » Une prise de position claire, qui renforce l’intégrité du résultat olympique et coupe court à toute tentative de révision discriminatoire.
Une championne ciblée par les pires soupçons
Imane Khelif n’en est pas à sa première tempête médiatique. Depuis plusieurs années, la boxeuse algérienne est la cible de rumeurs toxiques et de commentaires violents sur son genre. Malgré les victoires, les titres, et un palmarès en progression constante, elle se voit régulièrement confrontée à des doutes publics humiliants.
Sa médaille d’or remportée à Paris en 2024 aurait dû la consacrer. Mais elle a rouvert la plaie. Plutôt que célébrer une performance sportive historique, la presse et les réseaux sociaux ont alimenté les soupçons, parfois à l’extrême. Ce climat a profondément affecté la sportive et ses proches.
Le soutien de sa famille face aux attaques
Dans un entretien accordé à SNTV en août dernier, Imane Khelif avait révélé la souffrance infligée par cette situation. Si elle affirmait puiser sa force dans l’adversité, elle confiait que sa famille vivait avec une inquiétude constante. Son père, Omar Khelif, avait même pris la parole publiquement pour briser les rumeurs : « Mon enfant est une fille. Elle a été élevée comme une fille. C’est une fille forte. »
Ce témoignage intime a marqué les esprits, tant il révélait la violence psychologique infligée à une sportive simplement en raison de son apparence ou de son parcours.
Une plainte historique contre le cyberharcèlement
Refusant de se laisser réduire au silence, Imane Khelif a décidé de contre-attaquer sur le terrain judiciaire. Après les Jeux, elle a déposé une plainte pour cyberharcèlement, visant directement deux figures mondialement connues : Elon Musk et J.K. Rowling.
Les deux personnalités s’étaient permises à plusieurs reprises de relayer ou publier des propos stigmatisants, laissant entendre que l’athlète ne méritait pas sa place en compétition féminine. Pour Khelif, l’impact de ces attaques était dévastateur, et elle l’a exprimé avec émotion sur le plateau de Clique, face à Mouloud Achour : ses larmes, cette fois, étaient celles d’une femme blessée, mais debout.
Une médaille conservée, un combat plus vaste à mener
La confirmation du maintien de sa médaille est bien plus qu’un soulagement : c’est une reconnaissance. Elle consacre le droit de Khelif à concourir, à gagner, et à exister comme toutes les autres sportives, sans avoir à se justifier sans cesse. Mais elle rappelle aussi que la route reste longue pour garantir aux athlètes la protection nécessaire face aux attaques de genre, souvent sous couvert d’expertise ou d’éthique sportive.