Leur virée a duré à peine deux mois, mais elle a frappé une quinzaine d’églises dans le Nord-Ouest de la France. Trois hommes, âgés de 23, 46 et 53 ans, ont été condamnés ce mercredi par le tribunal correctionnel de Nantes à des peines de prison ferme pour avoir dérobé l’argent des troncs, ces urnes où les fidèles déposent leurs dons.

Entre septembre et octobre 2024, plusieurs églises de Loire-Atlantique, Vendée, Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan et Orne ont été la cible du même trio. Les trois hommes, désormais condamnés, opéraient de jour et sans dissimulation. Tandis que deux d’entre eux pénétraient dans les édifices pour forcer les troncs, le troisième montait la garde à l’extérieur.
Leur méthode était toujours la même : une meuleuse pour casser les serrures ou, plus discrètement, une tige en plastique enduite de colle forte pour récupérer la monnaie. Malgré la simplicité du butin, souvent quelques dizaines d’euros, les dégâts matériels ont été importants pour les paroisses concernées.
Des peines de prison ferme prononcées

Devant le tribunal, les trois prévenus ont reconnu les faits. L’un d’eux a expliqué avoir agi par nécessité, affirmant qu’il voulait aider ses proches en difficulté financière. Les juges n’ont toutefois pas retenu cette justification :
Le plus jeune a écopé d’un an de prison ferme,
Le second de deux ans,
Et le troisième de deux ans et demi.
Tous devront indemniser les diocèses victimes, dont les pertes cumulées sont estimées à près de 14 000 euros, incluant l’argent volé et les réparations des troncs forcés.
La procureure de la République avait initialement requis des peines allant jusqu’à quatre ans de prison ferme, mais le tribunal a choisi des sanctions légèrement inférieures, estimant que les montants volés restaient modestes et que les prévenus avaient reconnu leur responsabilité.
Des explications qui peinent à convaincre
À la barre, les trois hommes, issus de la communauté des gens du voyage, ont décrit leur périple comme une errance improvisée : « On partait d’Angers, on roulait sans but. On suivait les panneaux, sans savoir où on allait. »
Interrogé sur le choix des églises, l’un d’eux a répondu calmement : « Je ne suis pas un cambrioleur, j’ai choisi les troncs car je pensais que c’était plus simple et qu’on ne faisait de mal à personne. »

Pourtant, les paroisses touchées témoignent d’un réel préjudice moral et matériel. Les troncs, souvent anciens ou renforcés, sont coûteux à remplacer. « Ce n’est pas seulement l’argent, c’est aussi la symbolique. Ces dons représentent la générosité des fidèles », explique Antoine Plateaux, chancelier du diocèse de Nantes.
Des églises fragilisées face aux vols répétés
Ces faits soulignent les difficultés des paroisses à sécuriser leurs lieux de culte. Dans certaines communes, des systèmes de vidéosurveillance ont été installés, ou des troncs scellés au sol pour éviter qu’ils ne soient emportés. Mais le coût de ces installations reste souvent trop élevé, notamment pour les petites églises rurales.
Dans plusieurs diocèses, les bénévoles s’organisent désormais pour relever régulièrement les troncs, parfois chaque jour, afin de limiter les tentations. Cependant, beaucoup de ces volontaires sont âgés, et les équipes trop restreintes pour assurer une surveillance constante.
À Pontchâteau, par exemple, les fidèles ont décidé de vérifier le tronc quotidiennement après avoir constaté plusieurs effractions successives.










