Alors que les grèves répétées paralysent régulièrement les transports franciliens, une partie de la classe politique intensifie ses appels à restreindre le droit de grève dans les services publics. En ligne de mire : les cheminots et leur impact sur les usagers lors des heures de pointe.
Invitée sur France 2 ce lundi 5 mai, Valérie Pécresse a une nouvelle fois dénoncé les blocages à répétition dans les transports franciliens. Pour la présidente de la région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités, il est temps de revoir en profondeur le droit de grève dans les services publics essentiels.
« Depuis des années, je plaide pour qu’il y ait un service garanti aux heures de pointe », a-t-elle martelé. Son indignation est claire : elle ne comprend pas comment une entreprise publique peut, à ses yeux, « pourrir la vie » des Franciliens. Un ton ferme qui rejoint celui du ministre des Transports, Philippe Tabarot, également très critique face aux mouvements sociaux dans les transports.
Des restrictions ciblées aux heures stratégiques
Ce que réclame Valérie Pécresse, c’est une réforme ciblée : interdire les grèves pendant les plages horaires où les transports sont les plus utilisés, c’est-à-dire aux heures où les Français se rendent ou rentrent du travail. Pour elle, le « service minimum » actuellement imposé par la loi est insuffisant. Elle milite désormais pour un « service plein » aux heures de pointe, bien au-delà des obligations actuelles héritées du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Ce durcissement souhaité témoigne, selon elle, d’un ras-le-bol généralisé. « Les Français sont fatigués, exaspérés, quand on les empêche de circuler », insiste-t-elle, rappelant que la liberté de déplacement est un droit fondamental, qui ne devrait pas être systématiquement sacrifié au nom du droit de grève.
Une rhétorique partagée au sommet de l’État
Sur le plateau de BFMTV, Philippe Tabarot abonde dans le même sens. Pour le ministre, « la grève est toujours évitable » et les Français « commencent à en avoir ras-le-bol ». Ce ton martial traduit une volonté politique de mieux encadrer, voire de limiter, l’impact des mouvements sociaux dans les transports.
Un discours qui trouve un écho croissant dans l’hémicycle, où plusieurs propositions de loi sur le sujet ont vu le jour ces dernières années, même si elles peinent encore à franchir toutes les étapes législatives.
Une bataille législative encore incertaine
En avril 2024, le sénateur Hervé Marseille a porté la dernière proposition de loi en date visant à réguler plus strictement les grèves dans les transports publics. Ce texte, adopté en première lecture au Sénat, n’a cependant pas encore été soumis au vote de l’Assemblée nationale. Il prévoyait notamment de suspendre le droit de grève entre 6h30 et 9h30 puis entre 17h et 20h, pendant des périodes continues de sept jours maximum, dans la limite de 30 jours par an.
Cette approche s’inspire de modèles étrangers comme l’Italie, où certaines périodes de l’année – comme les fêtes de Noël – sont sanctuarisées et protégées de toute mobilisation syndicale. Une idée également soutenue par Éric Ciotti, désormais président de l’Union des droites républicaines, qui avait plaidé pour une interdiction de grève durant la « trêve de Noël ».