À l’automne 1985, le monde assiste, impuissant, à l’une des tragédies les plus poignantes de l’histoire moderne.
Le visage d’Omayra Sánchez Garzón, une jeune Colombienne de 13 ans, devient le symbole d’une catastrophe naturelle dévastatrice suite à l’éruption du Nevado del Ruiz. Son calvaire, capturé par le photographe français Frank Fournier, éveille la conscience globale et soulève un débat sur l’éthique du photojournalisme.
Une tragédie immortalisée
Le 13 novembre 1985, le volcan Nevado del Ruiz, dormant depuis près de 69 ans, entre en éruption, déclenchant une avalanche de boues qui ravage la ville d’Armero, tuant plus de 21 000 personnes. Parmi les victimes se trouve Omayra Sánchez Garzón, coincée dans les débris de sa maison submergée. La photographie de son visage désespéré, prise par Frank Fournier, remporte le prix de la photographie de l’année en 1986 mais génère également une vive controverse, certains accusant le photographe de voyeurisme.
Le témoignage de Frank Fournier
Près de trois décennies plus tard, Frank Fournier revient sur cet événement marquant lors d’une interview accordée à France Inter. Arrivé dans un contexte de chaos national, exacerbé par une récente confrontation militaire à Bogota, Fournier capte les séquences finales du calvaire d’Omayra. Malgré son inexpérience en espagnol, il comprend rapidement l’ampleur de la tragédie en voyant la jeune fille entourée de journalistes et de secouristes. Selon lui, la photo qu’il a prise n’était pas de son fait mais plutôt un cadeau d’Omayra, un témoignage puissant qu’elle a offert au monde.
Défense et justification
Fournier, confronté aux critiques sur son manque d’action pour sauver la jeune fille, explique la complexité de la situation. Selon lui, tenter de la déplacer aurait pu être fatal, étant donné les conditions médicales délicates associées à son emprisonnement physique. Ce dilemme met en lumière les défis éthiques auxquels les photojournalistes sont souvent confrontés lorsqu’ils documentent des catastrophes.
L’impact de la photographie d’Omayra va bien au-delà de la reconnaissance professionnelle pour Fournier; elle force le gouvernement colombien à reconnaître ses manquements et stimule une prise de conscience mondiale. Fournier affirme que le but ultime de son travail était de révéler l’irresponsabilité des autorités et de mieux documenter la catastrophe pour informer et éduquer le public.