La vie de propriétaire n’est pas toujours synonyme de rente tranquille. À Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes, un conflit oppose deux amis de longue date, l’un propriétaire, l’autre locataire.
Une affaire qui illustre la complexité des situations locatives en France, lorsqu’un départ prévu tourne à l’impasse. Fabien S., 58 ans, possède un appartement de 30 m² qu’il louait depuis plusieurs années à son ami François, du même âge. En 2023, Fabien a informé son locataire que le bail arrivait à échéance et qu’il ne serait pas reconduit. Le logement devait accueillir l’aidant de sa mère âgée de 88 ans, un projet légitime selon le propriétaire. Mais, une fois le bail terminé en juin, François a refusé de partir, cessant même de payer son loyer de 450 euros.
Le propriétaire perd patience
Après plusieurs tentatives infructueuses pour convaincre son locataire de quitter les lieux, Fabien a décidé de recourir à des méthodes plus radicales. Il a tagué la façade de sa maison d’un message clair : « Rendez-moi ma maison », avant d’entamer une grève de la faim. « Je ne bois que de l’eau et du thé. J’ai perdu trois kilos. Je suis prêt à aller jusqu’à l’hospitalisation », a-t-il confié à Nice-Matin, décrivant son action comme « un acte politique, un palliatif à la violence ».
Des actions chocs pour accentuer la pression
Le quinquagénaire ne s’est pas arrêté là. Outre ses messages publics, il a bloqué la porte d’entrée et démonté la boîte aux lettres de son locataire. Une manière de compliquer la vie quotidienne de François, sans pour autant parvenir à l’expulser. Une situation qui, selon Fabien, illustre l’impuissance des propriétaires face aux lenteurs administratives et à la protection des locataires en difficulté.
Le locataire se défend : « Je ne suis pas un squatteur »
De son côté, François reconnaît occuper le logement sans titre légal, mais rejette l’étiquette de squatteur. En situation d’invalidité depuis 2016, il explique ne pas pouvoir quitter les lieux faute de solution immédiate. « J’ai toujours payé mes loyers, mais je ne peux plus travailler », affirme-t-il. Il a déposé une demande de relogement, confirmée par la mairie de Mandelieu, espérant trouver une issue plus sereine à ce bras de fer.
Un conflit révélateur d’un malaise national
Ce face-à-face illustre les tensions grandissantes autour du logement en France. D’un côté, des propriétaires qui s’estiment démunis face à des procédures longues et complexes ; de l’autre, des locataires fragilisés par la précarité ou la maladie, coincés dans un système qui peine à concilier droit de propriété et droit au logement. L’affaire Fabien et François, au-delà de son aspect personnel, met en lumière un problème plus large qui alimente le débat public.