Face au drame de son fils Elias, tué à 14 ans à coups de machette, sa mère dénonce l’indifférence médiatique et la désinformation. Une prise de parole bouleversante qui pointe autant l’impunité croissante de la violence juvénile que les dérives du discours journalistique.
Le 24 janvier 2025, Elias, 14 ans, tombait sous les coups de machette en plein Paris. Un acte d’une violence inouïe, survenu dans un contexte encore flou, mais dont la brutalité ne laisse place à aucune atténuation morale. Pour sa mère, cette tragédie ne s’arrête pas à la mort de son enfant : elle se poursuit dans le traitement médiatique du drame.
Invitée de l’émission « Punchline » sur CNews et Europe 1 ce jeudi 26 juin, la mère d’Elias a exprimé une colère froide et légitime, particulièrement à l’encontre des propos tenus récemment par Patrick Cohen sur France Inter. Le journaliste, lors d’un éditorial consacré aux violences urbaines, avait évoqué le meurtre du jeune garçon comme conséquence d’un refus de remettre son téléphone portable à ses agresseurs.
Une interprétation perçue comme une trahison
« Patrick Cohen prend parti. Il n’est pas juge, il n’était pas là, il ne connaît pas les faits », martèle-t-elle. Ce qu’elle lui reproche ? Avoir introduit une narration qui laisse entendre que si Elias avait cédé son téléphone, il serait peut-être encore en vie. Une lecture des faits qu’elle juge profondément injuste, voire insultante : « C’est comme dire qu’une femme violée ne l’aurait pas été si elle n’avait pas porté une jupe. »
Derrière cette analogie percutante, c’est toute une culture de la responsabilité inversée qu’elle dénonce. Elias n’était pas en tort. Il n’a pas « provoqué » sa propre agression. Il a été victime d’une violence gratuite, d’une sauvagerie que rien ne saurait relativiser.
« Entendre ça, cinq mois après la mort de notre fils, de la part d’un journaliste censé incarner la rigueur, c’est indécent », lâche-t-elle. Et son grief ne se limite pas à ce seul éditorial.
Une douleur nourrie par le silence des institutions
Car au-delà des mots, la mère d’Elias déplore un silence plus large, celui de la classe politique face à la multiplication des actes violents commis par des mineurs. Elle évoque une forme de cécité institutionnelle, une absence de réaction ferme face à l’escalade de la violence en bande organisée, qui laisse les familles endeuillées dans un isolement glaçant.
« L’État ne protège plus nos enfants », résume-t-elle, accablée. Les réponses judiciaires paraissent lentes, insuffisantes, parfois même inexistantes face à l’urgence. Pendant ce temps, les faits divers s’accumulent, et avec eux les familles brisées.
Une colère qui ouvre un débat nécessaire
Ce témoignage bouleverse, mais il résonne aussi comme une alerte. Il pose la question du rôle des journalistes dans l’interprétation des faits bruts, du poids des mots dans l’espace public, mais aussi de la manière dont la société française, dans son ensemble, choisit d’ignorer ou de minimiser certaines violences tant qu’elles ne touchent pas ses propres repères.
L’affaire Elias n’est pas qu’un fait divers. Elle est un miroir douloureux tendu à une société qui tolère de plus en plus de brutalité dans ses rues, dans ses écoles, dans ses discours — parfois même chez ceux censés les déconstruire.