Malgré les accusations graves qui pèsent sur lui, Sébastien Cauet retrouve sa place dans les médias. Son retour sur les ondes en avril 2024 soulève des questions sur la responsabilité du milieu médiatique face aux violences sexuelles.
Une fois de plus, la carrière d’un homme accusé de violences sexuelles semble s’épanouir, tandis que les vies des victimes restent marquées à jamais.
Le 10 avril, la confirmation du retour de Sébastien Cauet sur Europe 2 a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le milieu médiatique. Après des mois de suspension, il succède à Benjamin Castaldi à la tête de la matinale, avec une reprise prévue dès le 22 avril. Une annonce qui intervient à un moment où le milieu de la culture est en pleine réflexion sur les violences sexistes et sexuelles, notamment après la publication d’un rapport dénonçant les violences systémiques dans le secteur. Malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui, Cauet semble retrouver facilement sa place sur les ondes, une situation qui semble illustrer une réalité troublante : l’impunité des hommes accusés de violences sexuelles dans le monde des médias.
Les accusations de violences sexuelles
Sébastien Cauet a été suspendu de NRJ12 en 2023 après plusieurs accusations de violences sexuelles et de viols par plusieurs femmes. Le 24 mai 2024, l’animateur a été mis en examen pour viols sur mineure, viol et agression sexuelle. Ces accusations sont venues des témoignages de quatre femmes, dont deux l’accusent de viols commis lorsqu’elles étaient mineures, en 1997 et en 2014. Une autre victime présumée rapporte une agression sexuelle en 2012, alors qu’elle était également mineure, et une quatrième victime l’accuse d’un viol survenu en 2011. Les accusations sont graves, mais ce n’est qu’après une décision de la cour d’appel de Paris en juillet 2024 que Cauet a retrouvé la possibilité d’exercer une activité professionnelle à la télévision ou à la radio, mais sans public.
Des vies brisées, des carrières relancées
Le retour de Cauet à l’antenne a rapidement suscité des réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Julie Ollivier, l’une des victimes présumées, a réagi vivement à cette annonce. « Carrière brisée ? Et ma vie ? », a-t-elle écrit sur Instagram. « Il a détruit ma vie, réduit à néant tout ce que j’avais. Je ne capitulerai pas, je crierai sur tous les toits. » Julie, qui a porté plainte contre Cauet en 2023, a vu sa vie personnelle et professionnelle bouleversée après avoir témoigné. Dans un entretien avec France 3 en mai 2024, elle expliquait avoir sombré dans l’alcool et avoir perdu son emploi. « Je suis hospitalisée pour le traumatisme et la dépendance à l’alcool. J’en rêvais, j’y pensais tout le temps, c’était obsessionnel », témoignait-elle alors.
Le silence de l’industrie et l’ampleur du problème
Julie Ollivier n’est que la première d’un groupe de femmes à avoir dénoncé les agissements de Cauet. Derrière les quatre victimes connues, de nombreuses autres femmes auraient été affectées par les comportements de l’animateur, mais n’ont pas encore pris la parole publiquement. Le retour de Cauet à la radio soulève des interrogations sur la manière dont le milieu médiatique et la société en général traitent les accusations de violences sexuelles. Tandis que des femmes continuent de lutter pour surmonter les traumatismes infligés, les carrières de ceux qui sont accusés de ces crimes semblent ne pas être aussi fragilisées. Ce paradoxe met en lumière une dynamique complexe de silence et de résilience dans un système souvent prompt à oublier les victimes.