La grogne monte autour des parkings hospitaliers devenus payants. Depuis plusieurs mois, usagers et familles dénoncent des tarifs jugés exorbitants, alimentant un sentiment d’injustice. Le débat s’est invité à l’Assemblée nationale, où certains élus réclament désormais la gratuité afin de préserver l’égalité d’accès aux soins.
Le mardi 8 avril 2025, les députés Stéphane Hablot et Pierrick Courbon ont auditionné des collectifs d’usagers pour entendre leurs doléances. Cette réunion a mis en lumière des prix souvent qualifiés d’abusifs et une gestion confiée à des concessionnaires privés, éloignant le stationnement hospitalier de sa mission de service public. À Saint-Étienne, un visiteur témoigne : « Avant, c’était public, maintenant c’est 15 euros par jour. Pour une longue hospitalisation, cela représente 400 euros par mois ! Qui peut se le permettre ? ».
Des mobilisations locales qui se renforcent
À Nancy, la contestation prend de l’ampleur. Mauricette Fève et le collectif Gilets Jaunes Actions nationales mènent des actions régulières devant le CHRU pour recueillir des témoignages. Un homme raconte avoir dû payer 20 euros par jour pour voir son épouse dans le coma, dénonçant un « business » honteux. Plus de 6 000 soutiens ont déjà été réunis par l’Association citoyenne Nancy-Sud, signe d’un mouvement citoyen qui s’enracine.
Une question éthique au-delà du prix
Au-delà des difficultés financières, le débat prend une dimension sociétale. L’ethnosociologue Joe Labat rappelle que l’hôpital n’est pas une entreprise : « Quand on va à l’hôpital, c’est pour soigner, pas pour consommer. La marchandisation du soin menace les principes mêmes de solidarité ». Pour de nombreux collectifs, la tarification des parkings illustre une dérive inquiétante dans la gestion des établissements publics de santé.
La logique budgétaire des hôpitaux
De nombreux hôpitaux justifient ces concessions par la nécessité de concentrer leurs budgets sur le matériel médical. À Cambrai, la direction a choisi d’investir dans les équipements, laissant la gestion du stationnement à une société privée : 15 minutes gratuites, puis 2 euros l’heure jusqu’à 11 euros par jour. Des groupes comme Indigo, Effia ou Q-Park dominent désormais ce marché, accentuant l’impression d’une logique purement commerciale. Certains usagers s’y résignent, d’autres dénoncent une rupture avec l’esprit du service public hospitalier.
Des réactions vives à Saint-Étienne et ailleurs
À Saint-Étienne, la concession accordée à Effia a réduit le temps gratuit de deux heures à trente minutes. Les protestations se multiplient, selon Cyril Vidal (CGT), qui pointe la hausse brutale des tarifs. Faute d’exonérations, des visiteurs comme Guillaume Pellet privilégient désormais le tramway. D’autres, comme François Berre, dénoncent une situation « honteuse » et lancent des pétitions pour alerter sur l’impact de ces frais sur les familles.
Une offensive politique pour la gratuité
Face à cette contestation, trois députés de La France insoumise – Raphaël Arnault, Sandrine Nosbé et Pierre-Yves Cadalen – annoncent une proposition de loi. Leur texte vise à instaurer la gratuité du stationnement pour patients et soignants, à mettre fin aux concessions privées et à résilier les contrats en cours. Selon eux, « l’État amortira les coûts » afin d’assurer l’équité et de supprimer « un frein supplémentaire à l’accès aux soins ». Ils citent le cas d’un homme ayant payé plus de 200 euros pour veiller sa femme mourante, symbole d’une dérive jugée inacceptable.
Un débat sur la dignité et l’égalité
Au cœur de cette controverse se dessine une question plus large : l’accès aux soins doit-il dépendre du portefeuille ? Pour les opposants à la privatisation des parkings hospitaliers, c’est la dignité des malades et de leurs proches qui est en jeu. La proposition de loi annoncée pourrait ouvrir un nouveau front parlementaire, révélateur d’une fracture croissante entre logique marchande et valeurs de solidarité.