Alors que le gouvernement prépare le budget 2026, les Français redoutent une nouvelle flambée fiscale.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu tente de concilier exigences européennes et équilibre politique, mais les pistes envisagées laissent présager de lourds ajustements. Entre ISF, droits de succession et fiscalité du capital, la redistribution des efforts s’annonce inégale.
Depuis son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu sait que sa marge de manœuvre est limitée. Les marchés financiers et Bruxelles réclament des engagements fermes en matière de réduction de la dette publique. Olivier Klein, professeur à HEC, estime que la France doit viser entre 35 et 38 milliards d’euros d’économies dès 2026. « Voter un budget qui n’assainirait pas durablement la situation reviendrait à accentuer le cercle vicieux actuel », prévient l’économiste.
Quatre pistes fiscales sur la table
Pour convaincre une majorité parlementaire et apaiser le PS, le chef du gouvernement met en avant quatre mesures phares. La hausse des droits de succession sur les plus-values immobilières et patrimoniales permettrait de récupérer 1,3 milliard d’euros. La révision de la flat-tax, actuellement à 30 %, porterait son taux à 33 %, générant près d’un milliard supplémentaire. À cela s’ajouterait une taxation accrue des assurances vie dans le cadre des successions, estimée entre 2 et 3 milliards. Enfin, une refonte de l’ISF viserait les très hauts patrimoines.
Le retour d’un impôt sur la fortune
Selon les premières discussions, l’ISF nouvelle version toucherait les patrimoines non-professionnels dépassant 2 millions d’euros. Une taxe de 0,5 % serait appliquée, ciblant principalement les grandes fortunes. Cette orientation vise à répondre à une demande de justice fiscale, mais elle risque aussi de réveiller de vifs débats sur l’équilibre entre compétitivité et équité.
La taxe Zucman enterrée ?
Alors que certains espéraient un prélèvement exceptionnel sur les ultra-riches, la fameuse « taxe Zucman » pourrait disparaître des débats. Prévue à hauteur de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, elle est critiquée pour son impact potentiel sur l’investissement. « C’est du communisme, de la haine du riche », tranche Nicolas Dufourcq, président de BPI France, tandis qu’Eric de Riedmatten dénonce une mesure « contre-productive » qui aurait « cassé l’entrepreneuriat ».
Des gagnants et des perdants
Si ces mesures venaient à être adoptées, les ménages modestes et les classes moyennes seraient relativement épargnés. L’effort serait concentré sur le capital et les transmissions de patrimoine, un signal adressé aux électeurs de gauche et du centre-gauche. Mais ce compromis politique pourrait ne pas suffire à calmer l’angoisse d’une partie des Français, qui craignent que de futures hausses les concernent tôt ou tard.