Alors que l’automne s’installe, le Royaume-Uni fait face à une vague de grippe A inhabituellement précoce et virulente.

Une nouvelle souche du virus H3N2 y provoque déjà une explosion des cas sévères à l’hôpital, interrogeant sur l’efficacité du vaccin actuel et sur le risque d’importation de ce variant en France.
Depuis la fin de l’été, les autorités britanniques observent une circulation anormalement rapide et intense de la grippe A(H3N2). L’épidémie a démarré plus tôt que d’habitude, franchissant déjà le seuil épidémique alors que la saison n’en est qu’à ses débuts. Pour les hôpitaux outre-Manche, la conséquence est claire : plus de patients, plus vite, et davantage de formes graves chez les personnes fragiles.
Un virus qui a muté pendant l’été
Ce qui inquiète particulièrement les spécialistes, ce sont les mutations du virus. Selon la Dre Antonia Ho, de l’Université de Glasgow, la souche H3N2 qui circule au Royaume-Uni a acquis sept nouvelles mutations au cours de l’été, la rendant sensiblement différente de celle utilisée pour élaborer le vaccin saisonnier. En pratique, cela signifie que le virus pourrait partiellement échapper à l’immunité acquise, que celle-ci provienne d’infections antérieures ou de la vaccination. Le Dr Gérald Kierzek parle d’un « sous-clade K du H3N2 » capable de contourner plus facilement les défenses immunitaires et de réduire l’efficacité du vaccin, sans pour autant évoquer une menace de pandémie incontrôlable.

Des symptômes classiques, mais parfois plus marqués
Sur le plan clinique, la grippe provoquée par cette souche reste reconnaissable. Fièvre élevée dépassant fréquemment 39 °C, frissons intenses, courbatures diffuses, maux de tête, fatigue écrasante, toux sèche… le tableau reste celui d’une grippe typique, mais avec une intensité qui semble plus forte chez certains patients. Les médecins signalent des formes sévères plus fréquentes chez les personnes âgées, avec des complications respiratoires accentuées et une fatigue prolongée qui peut persister après la phase aiguë. Les adolescents et les seniors figurent parmi les tranches d’âge particulièrement touchées par ce H3N2 modifié.
Faut-il s’inquiéter de son arrivée en France ?
Dans un contexte de circulation virale intense en Europe, il serait illusoire de penser que cette souche restera cantonnée au Royaume-Uni. Le variant H3N2 a toutes les chances de franchir la Manche dans les prochaines semaines, comme le font régulièrement les virus grippaux au fil des voyages et des échanges. Le risque principal, soulignent les spécialistes, n’est pas celui d’une nouvelle pandémie, mais d’une saison grippale plus sévère qu’attendu, surtout si cette souche devient dominante en France alors que le vaccin ne la cible que partiellement. Autrement dit, le nombre de cas pourrait grimper, avec une proportion plus élevée de formes graves chez les personnes fragiles.
Comment reconnaître la grippe et réagir correctement ?

Même s’il n’y a pas lieu de céder à la panique, certains réflexes doivent redevenir automatiques. En cas de fièvre élevée, de fatigue extrême, de toux et de douleurs musculaires, il est recommandé de surveiller l’évolution des symptômes et de consulter un professionnel de santé si l’état ne s’améliore pas au bout de quelques jours ou se dégrade. Les personnes à risque – seniors, personnes immunodéprimées, malades chroniques – doivent être particulièrement vigilantes. Rester chez soi, éviter les contacts avec les plus fragiles, porter un masque si nécessaire et se laver les mains fréquemment restent des gestes simples mais efficaces pour limiter la transmission.
Le rôle toujours central de la vaccination
Même si cette nouvelle souche H3N2 est en partie différente de celle intégrée au vaccin, la vaccination garde tout son intérêt. Le vaccin saisonnier offre encore une protection significative contre les formes graves, en particulier chez les enfants et les adultes à risque. Les données évoquées par le Dr Gérald Kierzek suggèrent une efficacité de l’ordre de 70 à 75 % chez l’enfant, et de 30 à 40 % chez l’adulte, ce qui reste précieux pour éviter hospitalisations et complications. La vaccination ne garantit pas d’échapper à l’infection, mais elle réduit nettement la probabilité de développer une forme sévère nécessitant une prise en charge lourde.










