Et si un simple chewing-gum pouvait réduire drastiquement la transmission de virus comme la grippe, le Covid-19 ou l’herpès ? Des chercheurs américains ont mis au point une gomme végétale aux propriétés antivirales, ouvrant une nouvelle voie dans la prévention des maladies respiratoires contagieuses.
Nombreux sont les virus qui s’échappent par la bouche pour contaminer leur entourage. C’est le cas du SARS-CoV-2, des virus de la grippe ou encore de l’herpès, qui se transmettent via les gouttelettes de salive ou de mucus expulsées lorsque nous parlons, toussons ou éternuons. Ces virus peuvent être inhalés ou entrer dans le corps par les yeux, le nez ou la bouche, après un contact avec des surfaces contaminées.
Les gestes barrières et les vaccins restent essentiels, mais leur accessibilité et leur efficacité varient selon les situations. Chaque année en France, près de 10 000 décès sont imputés à la grippe saisonnière, et le Covid-19 continue de circuler, tout comme l’herpès, qui touche une large partie de la population.
Face à ces constats, une équipe de chercheurs de l’université de Pennsylvanie a imaginé une approche audacieuse : réduire la charge virale dans la bouche à l’aide… d’un chewing-gum.
Une protéine végétale pour piéger les virus
Le chewing-gum mis au point repose sur une molécule naturelle d’origine végétale, appelée FRIL (Flt3 Receptor Interacting Lectin). Cette protéine, extraite du Lablab purpureus — un haricot africain — se lie aux sucres présents sur l’enveloppe des virus et forme des agrégats, empêchant ainsi leur entrée dans les cellules humaines.
Encapsulée dans des cellules végétales, la FRIL est libérée lors de la mastication. En l’espace de 15 minutes, plus de 50 % de la protéine se diffuse dans la cavité buccale, piégeant les particules virales à la source, avant qu’elles ne puissent infecter d’autres personnes.
Cette stratégie permettrait d’agir directement sur la charge virale présente dans la salive, un levier décisif pour interrompre la chaîne de transmission.
Des résultats prometteurs contre le Covid, l’herpès et la grippe
Selon les travaux du professeur Henry Daniell, directeur du projet, les résultats obtenus sont spectaculaires. Des prélèvements salivaires et nasaux de patients atteints de Covid-19 montrent une réduction de plus de 95 % de la charge virale après utilisation du chewing-gum. Ces premiers résultats ont été jugés suffisamment solides pour que la FDA (l’agence américaine du médicament) autorise un essai clinique.
Mais les ambitions des chercheurs vont bien au-delà du SARS-CoV-2. L’équipe a également testé son chewing-gum sur les virus de la grippe saisonnière (H1N1, H3N2) et ceux de l’herpès (HSV-1, HSV-2). Là encore, les performances sont impressionnantes : jusqu’à 94 % des particules virales piégées pour les virus herpétiques, et plus de 95 % de neutralisation pour les virus grippaux.
Un produit sûr et simple d’utilisation
Ce chewing-gum antiviral a été conçu pour répondre aux normes de sécurité pharmaceutique définies par la FDA. Son mode d’administration, via la mastication, le rend accessible, discret et facile à utiliser, même en dehors d’un cadre médicalisé. Il pourrait ainsi compléter les dispositifs de protection classiques, notamment dans les lieux clos ou fortement fréquentés.
La nature végétale de la protéine FRIL offre un double avantage : elle limite les risques d’effets secondaires et facilite une production à grande échelle.
Une perspective innovante dans la lutte contre les épidémies
L’équipe du professeur Daniell ne compte pas s’arrêter là. Les chercheurs souhaitent désormais tester l’efficacité de leur chewing-gum sur le virus de la grippe aviaire (H5N1), particulièrement redouté en raison de son potentiel pandémique. Cette extension des recherches témoigne du potentiel polyvalent de cette technologie, qui pourrait s’adapter à de nombreux types de virus respiratoires.
À l’heure où les politiques de santé publique cherchent à diversifier leurs outils, une solution aussi simple qu’un chewing-gum pourrait devenir une arme précieuse. Bien entendu, cette approche ne remplace ni la vaccination ni les gestes barrières, mais elle pourrait offrir un bouclier supplémentaire, notamment pour les populations les plus vulnérables ou les situations à haut risque.