Alors que le rapprochement entre Jordan Bardella et Nicolas Sarkozy continue d’agiter la scène politique française, Marine Le Pen s’est exprimée avec fermeté sur ce tête-à-tête inattendu.
Invitée de RTL Matin, elle a défendu son dauphin tout en rappelant ses critiques virulentes à l’égard de l’ancien président. Une posture d’équilibriste entre légitimité institutionnelle et fidélité à la ligne idéologique du Rassemblement national. Le 1er juillet, Jordan Bardella s’est entretenu pendant une heure avec Nicolas Sarkozy dans les bureaux de ce dernier à Paris. Une rencontre qui, bien que présentée comme informelle, a rapidement suscité interrogations et spéculations sur une possible stratégie de respectabilisation du RN auprès d’une partie de la droite traditionnelle. Interrogée à ce sujet sur RTL, Marine Le Pen a défendu ce face-à-face, rappelant que « Nicolas Sarkozy est un ancien président de la République » et que le rencontrer n’avait rien de condamnable pour le président du premier parti de France.
Marine Le Pen refuse la polémique… sans se renier
Lorsque Thomas Sotto l’interroge sur la possibilité, pour elle, de rencontrer Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen répond qu’elle aurait accepté l’invitation si elle avait été conviée, précisant qu’elle répond « toujours positivement aux invitations de [ses] adversaires politiques ». Mais loin de renier ses propos passés, elle nuance : « Je ne change pas d’avis sur la politique qui a été menée par Nicolas Sarkozy », qu’elle qualifie de « délétère » sur l’immigration, le communautarisme ou encore l’économie.
Face aux critiques du journaliste qui lui rappelle ses anciens propos contre celui qu’elle surnommait « le président des riches » ou « le Monsieur plus de migrations », la cheffe de file du RN oppose un argument institutionnel : « Il ne fait plus de politique. Il est un ancien président. » Un rappel destiné à justifier la rencontre tout en conservant ses distances idéologiques et historiques.
Une réaction agacée sur la Légion d’honneur
Sur la question de la Légion d’honneur, Marine Le Pen a affiché une certaine irritation, dénonçant « les gna gna gna » et les sujets qu’elle estime secondaires. Elle refuse d’entrer dans la polémique, arguant que le fait d’avoir été président légitime, de facto, la distinction honorifique. « On ne peut pas lui retirer d’avoir été président de la République », tranche-t-elle, dans une formulation qui se veut définitive.
Une ligne de fracture jusque dans les rangs de la droite
De son côté, Gérald Darmanin, invité sur le plateau de C à vous, a tenté de minimiser la portée politique de la rencontre entre Bardella et Sarkozy. Selon lui, l’entourage de l’ex-président a évoqué « une discussion sur les relations humaines », sans enjeu partisan. Face à Pierre Lescure, qui insiste sur le caractère éminemment politique d’un tel échange, le ministre de l’Intérieur botte en touche, affirmant ne pas savoir ce qui s’est dit, mais rappelant que Sarkozy a toujours combattu le RN, quel que soit le contexte.
Ce rappel n’est pas anodin. Il vise à désamorcer toute interprétation d’un glissement sarkozyste vers l’extrême droite, à un moment où la droite classique peine à se positionner face à la montée en puissance du RN dans l’électorat conservateur.
Une opération de normalisation… sous surveillance
En arrière-plan, la rencontre entre Bardella et Sarkozy s’inscrit dans une stratégie plus large de « normalisation » du RN, amorcée depuis plusieurs années et désormais incarnée par le duo Bardella-Le Pen. En allant voir un ancien président de la République, le jeune chef du parti cherche à consolider une image d’homme d’État, apte à dialoguer au-delà des clivages, dans une logique de pouvoir. Mais cette ouverture n’est pas sans risque, notamment dans les franges les plus radicales du parti ou parmi ses électeurs les plus hostiles à l’héritage sarkozyste.