Il avait disparu des radars de la haute sphère politique depuis plusieurs années, mais à la fin de l’année 2025, François Bayrou fait un retour inattendu — et controversé — en devenant Premier ministre.
Un come-back fulgurant pour l’ex-ministre de l’Éducation, rattrapé aujourd’hui par les vents contraires de l’actualité, entre scandales, critiques et remises en question de son héritage. Avant de gravir les échelons de la République, François Bayrou enseignait les lettres classiques. Professeur agrégé, il s’essaie à la pédagogie dans les années 70 avant d’être rapidement happé par la politique. Son implication militante et sa difficulté à rester dans le moule scolaire le poussent vers les couloirs ministériels, notamment auprès de Raymond Barre, alors Premier ministre.
Fils de maire, Bayrou embrasse pleinement la vie politique : conseiller général, député, maire de Pau, député européen, président du MoDem… Il devient ministre de l’Éducation nationale entre 1993 et 1997, sous trois gouvernements successifs. Mais c’est en 2024 qu’il effectue un retour aussi symbolique que risqué : Emmanuel Macron le choisit comme Premier ministre, après le départ de Michel Barnier.
Mayotte, Bétharram : les ombres d’un mandat
À peine nommé, François Bayrou se retrouve plongé dans la tourmente. En janvier 2025, un violent cyclone frappe Mayotte. La lenteur de la réaction gouvernementale suscite une vague de critiques. L’opinion publique l’accuse d’inaction, d’absence, de distance. Le climat s’envenime.
Mais c’est l’affaire Bétharram qui va réellement fissurer son image. Ce scandale remonte à ses années de ministre de l’Éducation. Des actes de maltraitance — parfois sexuels — auraient été commis pendant des années dans un établissement catholique du Béarn, région dont il est originaire. L’établissement est aujourd’hui au cœur d’enquêtes judiciaires. François Bayrou affirme n’avoir “jamais été informé” des sévices. Mediapart publie cependant le témoignage accablant d’une ancienne professeure, qui assure avoir alerté à l’époque. Plus troublant encore : le nom de son épouse est cité dans le dossier.
Babeth Bayrou, pilier discret dans la tempête
Elisabeth Bayrou, surnommée “Babeth”, partage la vie de François Bayrou depuis 1971. Ensemble, ils ont élevé six enfants — Hélène, Marie, Dominique, Calixte, Agnès et André — dans une tradition catholique assumée. Restée à l’écart de la lumière médiatique, elle est aujourd’hui malgré elle propulsée au centre d’un scandale douloureux.
Selon Françoise Gullung, enseignante dans le collège Bétharram entre 1994 et 1996, Babeth aurait refusé d’intervenir pour protéger un élève “frappé” par un membre du personnel encadrant. Une accusation qui renforce les soupçons autour du couple et soulève une question dérangeante : François Bayrou aurait-il, en toute conscience ou non, fermé les yeux ?
Un proche du couple décrit dans Paris Match un lien fusionnel mais discret : “Babeth, c’est son refuge. Il ne parle jamais d’elle publiquement, mais elle est partout, toujours. Une femme brillante, fine, mais qui fuit les dorures.” Des propos qui peinent à résonner positivement alors que la question de la responsabilité morale refait surface.
Controverses en cascade et popularité en berne
En pleine tourmente, François Bayrou multiplie les décisions impopulaires. La dernière en date ? Son souhait de supprimer deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai. Une annonce qui a provoqué un tollé, tant dans les milieux syndicaux que dans l’opinion publique. Nombreux y voient une volonté de faire des économies sur le dos des traditions et du repos des Français.
Déjà affaibli par la gestion chaotique du cyclone à Mayotte et la tempête judiciaire de Bétharram, le Premier ministre se retrouve fragilisé, contesté jusque dans les rangs de la majorité.
Un héritage complexe à redessiner
François Bayrou rêvait d’incarner une figure morale au-dessus des clivages, une autorité de consensus en fin de règne macronien. Mais le poids du passé et les maladresses du présent pèsent lourd sur cette ambition. Son passage à Matignon, encore récent, est déjà marqué par la défiance et la suspicion, ternissant l’image d’un homme qui se voulait rassembleur.