Devenu Premier ministre en décembre 2024, François Bayrou voit son ascension ternie par une impopularité grandissante et un scandale explosif.
Longtemps en quête de ce poste suprême, le centriste navigue désormais en eaux troubles, pris dans la tourmente du dossier Bétharram, qui menace de fragiliser durablement son autorité et son héritage politique.
François Bayrou naît à Bordères, dans les Basses-Pyrénées, au sein d’une famille enracinée dans le monde rural. Son père, agriculteur et maire de la commune, lui transmet le goût de l’engagement public dès son plus jeune âge. Très tôt, le jeune François s’intéresse aux affaires politiques, mais choisit d’abord une voie plus académique : celle de l’enseignement.
De l’enseignement aux premiers pas en politique
Agrégé de lettres classiques à seulement 23 ans, Bayrou est nommé dans un collège, mais son passage dans l’Éducation nationale est écourté. À l’époque, son militantisme déjà très affirmé crée des tensions avec ses collègues. Il délaisse rapidement l’enseignement pour intégrer un cabinet ministériel, en tant que chargé de mission au ministère de l’Agriculture entre 1979 et 1981. Cette première expérience au cœur du pouvoir lui ouvre définitivement les portes de la vie publique.
Une carrière politique dense et polyvalente
À partir des années 1980, Bayrou s’ancre durablement dans le paysage politique français. Il est élu conseiller général des Pyrénées-Atlantiques en 1982, puis député en 1986 sous la bannière de l’UDF, formation de centre-droit. En 1993, il accède au poste de ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement Balladur, renouant ainsi avec ses débuts dans l’enseignement, mais cette fois depuis les plus hautes sphères.
L’ambition présidentielle… et ses revers
En 2002, Bayrou se lance dans la course à la présidence, mais récolte un modeste 6,9 % des suffrages. Malgré cet échec, il poursuit son parcours en se posant comme le visage du centrisme indépendant. Son franc-parler et sa constance idéologique séduisent certains, mais lui valent aussi des critiques récurrentes. Loin de se décourager, il persiste dans sa quête d’une reconnaissance institutionnelle à la hauteur de son engagement.
Son arrivée à Matignon en décembre 2024 marque un tournant majeur dans sa carrière, mais ce moment de consécration est rapidement éclipsé par une série de controverses. L’opinion publique se souvient d’un geste inacceptable : une gifle infligée à un enfant en 2002. À cela s’ajoutent des propos désobligeants sur les femmes en surpoids, jugés sexistes et déplacés. Ces casseroles ressortent à la faveur de son accession au pouvoir, renforçant l’image d’un homme politique souvent perçu comme maladroit, voire déconnecté.
L’affaire Bétharram : un scandale à haut risque
Mais c’est surtout l’affaire Bétharram qui assombrit le plus lourdement son mandat. François Bayrou est accusé d’avoir couvert des abus graves – y compris des violences sexuelles – commis au sein d’un établissement catholique du Béarn. Les faits auraient été étouffés, et son silence questionne sa responsabilité politique et morale. Une commission d’enquête parlementaire l’attend le 14 mai, où il devra s’expliquer sans faux-semblants devant les députés.
À cette crise s’ajoute la résurgence d’une archive médiatique devenue virale. En 2019, sur BFM-TV, Bayrou se retrouve dans un face-à-face tendu avec Jean-Luc Mélenchon, alors chef de file des Insoumis. Lorsque ce dernier lance ironiquement : « Vous voulez que j’aboie avec vous… », Bayrou réplique sèchement : « D’aboyer ? Ce n’est pas votre race. » Une formule ambiguë qui provoque un rire nerveux, mais qui aujourd’hui, résonne bien différemment dans un climat de crispation politique et sociale.