Une polémique enflamme les réseaux sociaux et l’espace politique franco-maghrébin : l’humoriste Mustapha El Atrassi est accusé par Marion Maréchal d’incitation à la haine, après une séquence de spectacle jugée offensante envers une partie de la population.
Une affaire qui mêle humour, tensions communautaires et batailles judiciaires. Tout est parti d’un extrait diffusé massivement en ligne. On y voit Mustapha El Atrassi s’adresser à son public majoritairement maghrébin en déclarant : « Le temps qu’on perd à s’insulter entre Marocains et Algériens, c’est du temps perdu à insulter les gwers. » Le mot « gwer », issu du verlan, est souvent utilisé de manière péjorative pour désigner les Français blancs.
Ce trait d’humour, perçu comme communautariste voire discriminatoire, a immédiatement provoqué de vives réactions. Plusieurs internautes et personnalités politiques y ont vu une incitation directe à la haine. D’autres, en revanche, ont défendu un second degré provocateur, fidèle au style de l’humoriste.
Marion Maréchal saisit la justice
Face à l’ampleur de la polémique, l’eurodéputée Marion Maréchal (Reconquête) a annoncé le 25 mai avoir saisi le parquet. Elle reproche à Mustapha El Atrassi une « incitation à la haine », soulignant que l’appel à « insulter » une catégorie de population, quelle qu’elle soit, ne relève en aucun cas de l’humour mais d’un discours de division.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, Marion Maréchal dénonce des propos « inacceptables dans un État de droit », et appelle la justice à se saisir fermement de ce qu’elle considère comme une dérive publique grave.
Un passif judiciaire et médiatique
Cette affaire intervient dans un contexte délicat pour Mustapha El Atrassi. L’humoriste, connu pour ses spectacles sans filtre, a déjà été au centre de polémiques. Récemment, il a été poursuivi par son ancienne compagne, la journaliste Anne-Élisabeth Lemoine, pour des faits de coups et blessures.
Ce passif renforce les critiques à son encontre, certains y voyant un comportement récurrent, dépassant largement les limites du cadre humoristique. D’autres, au contraire, y voient une tentative de censure ciblée contre une figure jugée provocatrice mais artistique.
Entre liberté d’expression et responsabilité
Cette affaire soulève une nouvelle fois la question des limites de la liberté d’expression humoristique. Jusqu’où peut-on aller dans la provocation au nom du rire ? Et à partir de quand des propos tenus sur scène deviennent-ils juridiquement répréhensibles ?
Les tribunaux trancheront, mais la société, elle, débat déjà. Pour certains, l’humour communautaire, lorsqu’il cible autrui, renforce les fractures sociales. Pour d’autres, il reflète simplement des tensions existantes, mises en scène dans une logique de catharsis.