Le 27 mai 2025 marque une étape décisive dans l’histoire parlementaire française : l’Assemblée nationale a adopté en première lecture la proposition de loi créant un « droit à l’aide à mourir ».
Un vote hautement symbolique sur un sujet aussi intime que controversé, qui divise profondément l’hémicycle et la société. Avec 305 voix pour, 199 contre et 57 abstentions, le texte a franchi l’obstacle de la première lecture. Ce résultat traduit un soutien net, mais loin d’être unanime, à cette réforme majeure. Aucun groupe parlementaire n’avait imposé de consigne de vote, chacun laissant ses membres voter « en conscience », preuve de la charge morale du sujet. Le clivage politique s’est toutefois dessiné nettement : la gauche et le centre ont largement soutenu la mesure, tandis que la droite et l’extrême droite y sont restées majoritairement opposées.
Suicide assisté et euthanasie : des termes absents mais une réalité présente
Le texte ne contient ni le mot « suicide assisté », ni celui d’ »euthanasie » – deux termes jugés trop chargés émotionnellement et historiquement. Pourtant, le projet les encadre bel et bien juridiquement. Il prévoit qu’un patient atteint d’une maladie grave et incurable, en phase avancée ou terminale, pourra demander à mettre fin à ses jours dans des conditions strictement encadrées. Si le malade en a la capacité physique, il pourra s’administrer lui-même une substance létale. Dans le cas contraire, un soignant ou un médecin pourra le faire à sa place, sous certaines conditions exceptionnelles.
Une évolution majeure dans l’accompagnement de la fin de vie
Ce projet de loi, voulu par le gouvernement comme une réponse à une demande sociétale croissante, s’inscrit dans un débat éthique déjà ancien en France. Depuis la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui autorise la sédation profonde et continue jusqu’au décès, beaucoup considéraient que le cadre légal restait insuffisant pour garantir à chacun une véritable liberté de choix en fin de vie.
Le texte voté le 27 mai entend aller plus loin, en instaurant un droit encadré à choisir le moment et les modalités de sa mort, avec l’accompagnement de l’équipe médicale. Pour ses défenseurs, il s’agit d’un progrès humain, respectueux de la dignité individuelle. Pour ses opposants, c’est une ligne rouge morale qui vient d’être franchie.
Un vote au cœur des sensibilités individuelles
Rarement un sujet n’aura autant mobilisé les consciences individuelles. De nombreux députés ont pris la parole en séance avec émotion, parfois en évoquant des histoires personnelles ou familiales, confrontées à la douleur d’une fin de vie prolongée ou insoutenable. D’autres ont mis en garde contre les dérives possibles, redoutant une banalisation de la mort médicalement provoquée.