Et si chaque Français, quel que soit son niveau de revenu, contribuait à l’impôt sur le revenu ? C’est la proposition relancée par Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, dans un contexte de fortes tensions budgétaires.
Pour le patron des petites entreprises, il est temps de rompre avec la logique du “tout gratuit” pour mieux responsabiliser les citoyens face au financement du modèle social français.
Invité sur RMC ce lundi 25 mai, Amir Reza-Tofighi a défendu l’idée d’un impôt sur le revenu payé par tous les Français, même de manière symbolique. Pour l’actuel président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), il n’est plus tenable que la moitié des foyers fiscaux échappe à cet impôt, alors que la France détient le record européen de la dépense publique.
« Ce qui est gratuit n’a pas de valeur », assène-t-il. Il estime que ce principe d’universalité permettrait à chacun de prendre conscience du coût des services publics, notamment de la santé et de l’éducation. Et d’ajouter : « Il faut que chacun puisse contribuer, même très modestement, pour redonner du sens à notre système fiscal. »
Alléger la pression sur le travail, mieux répartir la charge
Au-delà de la dimension symbolique, cette contribution élargie permettrait, selon lui, de rééquilibrer le financement du modèle social, aujourd’hui largement porté par les actifs via les cotisations sur le travail. « Ça rapportera de quoi faire basculer une partie du financement du modèle social vers d’autres formes de fiscalité », explique-t-il. Autrement dit : moins de charges sur les salaires, et plus de cohérence dans la redistribution.
L’objectif n’est pas de matraquer les plus modestes, précise-t-il, mais d’introduire une dose de responsabilité collective, proportionnelle aux capacités de chacun. Les plus riches paieraient davantage, mais tout le monde participerait, à sa mesure.
Sortir du mythe du “tout gratuit”
La proposition d’Amir Reza-Tofighi s’inscrit dans une critique plus large de la culture de la gratuité perçue dans certains secteurs publics. Pour lui, continuer à vendre aux Français un système de santé “gratuit” est non seulement illusoire, mais contre-productif. Il estime que cela nuit à la responsabilisation des usagers, tout en entretenant l’idée d’un État providence sans limite.
« On va droit dans le mur », avertit-il, en évoquant un modèle à bout de souffle, plombé par un déficit chronique et une dette publique qui s’envole. Il plaide ainsi pour un débat franc sur les moyens réels de notre modèle social, et sur ce que chacun est prêt à payer pour le maintenir.
Une proposition clivante mais récurrente
Cette idée d’un impôt sur le revenu universel n’est pas nouvelle. Des économistes, ministres ou élus l’ont évoquée par le passé, notamment pour rétablir un lien direct entre chaque citoyen et la solidarité nationale. Mais jusqu’ici, la mesure n’a jamais franchi le seuil de l’expérimentation, tant elle soulève des réticences politiques et sociales.
D’un côté, certains redoutent une stigmatisation des ménages les plus précaires, pour qui même une contribution minime pourrait représenter un fardeau. De l’autre, les partisans y voient un levier puissant de responsabilisation collective, et un moyen de mieux faire accepter la fiscalité en France, souvent jugée opaque et injuste.