À 72 ans, Fabienne Thibeault refuse de raccrocher le micro. Icône de la chanson francophone révélée par Starmania, elle reste animée par la même flamme qu’à ses débuts.

Pourtant, derrière sa carrière éclatante, la chanteuse québécoise révèle une réalité bien plus terre-à-terre : une retraite qu’elle juge insuffisante pour vivre décemment.
Révélée en 1978 dans la comédie musicale Starmania, Fabienne Thibeault incarne à jamais Marie-Jeanne, la serveuse automate. Sa voix singulière a donné vie à des titres devenus cultes comme Le Monde est stone ou Un garçon pas comme les autres. Aujourd’hui encore, elle perpétue ce répertoire sur scène tout en proposant de nouvelles créations. Son dernier album, Autour de Fabienne, sorti en mars 2024, illustre à quel point la musique demeure sa raison d’être. Malgré les années, elle garde la même fougue, la même intensité, la même envie de chanter.
Un cœur fragile mais une volonté d’acier

En janvier 2023, la chanteuse a connu une épreuve redoutable : une urgence cardiaque qui a conduit à un quadruple pontage coronarien. Hospitalisée d’urgence, elle a frôlé la mort, mais a puisé dans cette épreuve la force de continuer. « Je vais mourir en travaillant », confie-t-elle avec un sourire lucide. Son courage impressionne autant que sa résilience : loin de se retirer, elle a fait de la scène le symbole de sa renaissance. Pour elle, rester active est une manière de vaincre la peur et de défier le temps.
Une retraite jugée dérisoire
Sur le plateau de Chez Jordan, Fabienne Thibeault s’est confiée sans détour : sa retraite atteint 1 850 euros par mois, une somme qu’elle juge “impossible” pour vivre à Paris. Elle explique toucher environ 1 200 euros de complémentaire, 300 euros de base française et 350 euros du Canada, où elle a également travaillé. « Qui peut s’en sortir avec ça à Paris ? », interroge-t-elle, tout en reconnaissant que d’autres vivent avec encore moins. Cette transparence révèle la précarité de nombreux artistes : derrière la lumière des projecteurs, les revenus dépendent souvent d’une carrière sans stabilité ni cotisations continues.
Travailler par passion… et par nécessité

Fabienne Thibeault refuse catégoriquement la retraite. « Je ne supporte pas les vacances, ça m’énerve. Il faut que je travaille ! », dit-elle avec son franc-parler habituel. L’artiste confie que l’inaction lui serait insupportable. Si elle continue de se produire, c’est à la fois par amour de la scène et parce qu’elle doit compléter des revenus jugés trop faibles. Mais pour elle, travailler reste un bonheur : « Je fais un métier que j’aime », assure-t-elle, revendiquant le droit à une vieillesse active et créative.
Toujours proche de ses fans, Fabienne Thibeault continue de remplir les salles. Sa voix, marquée par le vécu, touche encore toutes les générations. Elle chante la vie, la douleur, la persévérance — des thèmes qui trouvent un écho profond auprès de ceux qui l’écoutent depuis plus de quarante ans. Son dernier album témoigne de cette fidélité à son art, sans renier ses racines.










