À Saint-Cannat, dans les Bouches-du-Rhône, une soignante de l’Ehpad Les Colibris dénonce, photos à l’appui, des conditions de vie indignes et des maltraitances liées au sous-effectif chronique. Ce témoignage, glaçant et accablant, relance le débat sur la prise en charge des personnes âgées dans les établissements français.
Plusieurs clichés, capturés au sein même de l’Ehpad, montrent des résidents vulnérables dans des situations indignes : personnes âgées endormies à côté de leurs excréments, patients contraints de passer une partie de la nuit à même le sol, et locaux visiblement vétustes. Ces images, relayées par BFM Marseille Provence, mettent crûment en lumière la réalité du quotidien dans cette structure.
La soignante qui a décidé de parler affirme que toutes ces photos ont été prises par des collègues au fil des semaines. Pour elle, il s’agit d’une maltraitance institutionnelle due au manque de moyens et d’effectifs, et non d’incidents isolés.
Un sous-effectif chronique dénoncé
Dans son témoignage, l’aide-soignante exprime un profond désarroi : « C’est un métier que je fais avec le cœur, passion. Aujourd’hui, j’en suis dégoûtée. Je suis à bout de subir les négligences de la direction. On n’est pas entendus », confie-t-elle, émue. Elle accuse une direction sourde aux alertes et des conditions de travail qui ne permettent plus d’assurer la dignité des résidents.
Elle évoque également des soignants débordés, contraints de prioriser en permanence les urgences au détriment du bien-être des pensionnaires. Le manque de personnel, selon elle, pèse autant sur les résidents que sur les équipes épuisées.
La direction tente de rassurer
Sollicitée par BFM Marseille Provence, la direction de l’Ehpad Les Colibris reconnaît la gravité de la situation et dit « regretter ces photos ». Elle assure que « l’objectif de la direction est que les résidents et leurs familles aient la garantie d’un accompagnement de qualité ». Le groupe admet être conscient des inquiétudes des familles concernant les problèmes de personnel et affirme avoir récemment organisé un Conseil de vie sociale pour aborder ce sujet sensible.
Dans un effort immédiat, un directeur d’appui, jusque-là présent à mi-temps, a été mobilisé à temps plein, en attendant des mesures plus durables. Mais pour le personnel, ces ajustements semblent loin de résoudre une crise qui dure depuis trop longtemps.
Une mobilisation prévue ce jeudi
La soignante, rejointe par plusieurs collègues, a annoncé qu’elle profiterait de la mobilisation nationale prévue jeudi 18 septembre pour faire entendre sa voix. Entre 12 heures et 14 heures, un débrayage symbolique aura lieu à Saint-Cannat. Leur objectif : alerter sur des dysfonctionnements graves, exiger davantage de personnel, un encadrement administratif efficace et une rénovation des locaux.
Elle insiste sur le fait que ce problème n’est pas isolé : « Je crains que cette situation ne soit la même dans beaucoup d’établissements en France », souligne-t-elle. En exposant publiquement ces manquements, elle espère que ce cri d’alarme contribuera à changer le quotidien des résidents et des soignants, non seulement aux Colibris, mais dans l’ensemble des Ehpad français.